Il appelle à un minimum de sagesse Le SG du MPA a soutenu un 4e mandat du chef de l'Etat et a défendu le vote massif des militaires. C'est un Amara Benyounès, revigoré par le score de son parti, le Mouvement populaire algérien (MPA) aux élections locales, hissé à la troisième force politique du pays, qui s'est présenté, hier à Alger, devant les journalistes à l'occasion d'une conférence de presse. La question la plus embarrassante relative au vote massif des militaires, dénoncé par plusieurs partis politiques, a été abordée d'une manière spectaculaire par le conférencier. «Cette question est extrêmement sérieuse. Il ne faut pas jouer avec ça. Cette volonté à vouloir créer à tout prix un problème entre le président de la République et l'Armée est extrêmement dangereuse pour l'avenir et la stabilité du pays», a-t-il dit. Il estime que ceux qui ont affirmé que le vote des militaires est un coup de poignard dans le dos, ont fait montre d'une «irresponsabilité totale», allusion faite à la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune. «Ils jouent avec le feu», a-t-il assuré avant d'interpeller les responsables politiques à un «minimum de sagesse» et à cesser ce jeu, car, a-t-il lancé, «les militaires ont le droit de voter». Pour le reste, M.Benyounès demande de «prouver que la hiérarchie de l'Armée a donné des consignes aux militaires de voter pour tel ou tel parti». Pour lui, ces accusations s'inscrivent dans le cadre d'un règlement de comptes pour un problème avec l'institution militaire qui remonte aux années 1990, car l'Armée n'avait pas cautionné le contrat de Sant'Egidio. «L'armée est garante de la stabilité du pays», a-t-il encore affirmé en soulignant les problèmes sécuritaires qui se posent à nos frontières. Oui pour un 4e mandat de Bouteflika L'autre question sérieuse à laquelle a répondu le secrétaire général du MPA est celle relative à la limitation du nombre des mandats présidentiels dans le cadre de la prochaine révision de la Constitution et la possibilité de la présentation de l'actuel chef de l'Etat à un quatrième mandat, dans un environnement régional marqué par la chasse aux dictateurs. Le conférencier souligne d'abord, que son parti apportera son soutien indéfectible à M.Bouteflika s'il décide de se présenter pour un 4e mandat. «J'ai soutenu Bouteflika en 2004 et en 2009. S'il se représente en 2014, notre soutien lui est acquis. C'est une évidence pour moi et pour les militants du MPA», a-t-il expliqué, estimant que «Bouteflika n'est pas Ben Ali, n'est pas Moubarak, n'est pas Assad, ni El Gueddafi. Qu'on le veuille ou pas, les algériens aiment Bouteflika qui n'a rien à voir avec ces dictateurs». Sur sa lancée, il précise que «ceux qui demandent à Bouteflika de ne pas se présenter pour un autre mandat sont à leur 4e ou 5e mandat dans leur parti». Pour le premier responsable du MPA, la limitation du nombre des mandats n'a jamais été un critère ou un préalable à la démocratie. Comme c'est le cas aussi pour la nature du régime politique. M.Benyounès explique que c'est la manière de l'accession au pouvoir qui détermine si le régime est démocratique ou pas. Pour appuyer ses propos, il cite les trois démocraties les plus connues qui reposent sur des régimes de nature différente. Il s'agit des USA (présidentiel), de la France (semi-présidentiel) et de la Grande-Bretagne (parlementaire). «Ce qui m'intéresse (dans la révision de la Constitution, Ndlr), c'est de sauvegarder le caractère démocratique et républicain du pays», a-t-il précisé. Fini l'islamisme politique Le SG du MPA a analysé, en outre, les résultats des élections locales du jeudi passé dont les grands perdants sont les islamistes. Pour lui, la grande leçon à tirer de ces élections est la fin de l'islamisme politique en Algérie. «Les partis islamistes ont échoué dans ces élections au regard du nombre de voix et de sièges qu'ils ont obtenus. Leur présence est très réduite dans le champ politique algérien», a-t-il dit. Le conférencier n'a pas manqué de répondre à ceux qui «s'interrogent sur les raisons de la percée du MPA» qui a gagné 1 493 sièges APC et 103 sièges APW, devenant la troisième force politique du pays. Il a expliqué que ce résultat est le fruit du travail des militants. «Pour les militants du parti, ce score n'est ni une surprise ni le résultat du hasard», a-t-il indiqué. Pour les alliances que sa formation compte contracter, il a dit qu'il favorise les partis qui sont membres du gouvernement. Quant au fort taux d'abstention (56%), M.Benyounès a souligné que «la responsabilité incombe à tous».