C'est vraiment «une politique suicidaire» (comme l'a si bien qualifiée, hier, Mourad Medelci) que mène Benjamin Netanyahu à la tête de l'Etat hébreu. Une politique chaque jour confirmée. Dans la même journée d'hier, le ministre israélien de l'intérieur, a annoncé la relance de la construction, en plus des 3000 logements, de 1600 autres logements dans Jérusalem-Est qui avait été suspendue en 2010 suite à une grave crise diplomatique avec l'administration américaine qui avait condamné le projet. Cette nouvelle annonce sonne comme un défi à la communauté internationale qui vient de rappeler à l'ordre Tel-Aviv. Une condamnation qui, pour la première fois, a été suivie par la convocation des ambassadeurs d'Israël à Londres, Paris, Stockholm, Copenhague et Madrid. Pour la première fois aussi, les Etats-Unis et la Russie se rejoignent dans leur opposition à Israël. Complètement isolé dans ses délires, Netanyahu persiste et signe. Il déclare «qu'il n'y aura pas de changement» à sa politique d'implantation de nouvelles colonies. Il faut savoir que le projet de 3000 logements coupe court à tout espoir de solution de paix. Le projet s'étale, en effet, sur une surface appelée «zone E1» et divise le territoire de Cisjordanie en deux parties. Ce qui, avec la construction du mur de la honte, supprime de fait toute idée d'un futur Etat palestinien. Cette démonstration publique, longtemps étouffée, du refus par le pouvoir israélien d'une solution à deux Etats a le mérite de la clarté. Toutes les manoeuvres tendant à mettre sur le dos des Palestiniens l'échec des négociations se trouvent désormais disqualifiées. Dos au mur, il ne reste à Netanyahu qu'à mener son peuple vers le malheur. Un peuple qui aura l'occasion de donner son avis le 22 janvier prochain, date des élections législatives anticipées. Selon les résultats qu'obtiendra ce jour-là Netanyahu dépendra la suite des événements. En attendant, il y a lieu de relever que l'impunité totale dont jouissait le pouvoir israélien depuis 1948 n'est plus de mise. De cette impunité résulte le mépris total des résolutions de l'ONU. Aucune résolution du Conseil de sécurité votée contre l'Etat d'Israël depuis sa création n'a été respectée. Dans toutes ces guerres contre les pays arabes, l'Etat sioniste a été appuyé par tous les moyens de la communauté occidentale. Un Occident qui s'est, jusque-là, bouché les oreilles et les yeux devant les atrocités commises par son allié sur des civils, femmes, enfants, vieillards en Palestine et notamment à Ghaza, par deux fois. L'attitude arrogante affichée par Israël n'était possible que grâce à ses soutiens inconditionnels. Car il n'est point glorieux d'envoyer ses soldats martyriser un peuple qui n'a pas d'armée, donc sans défense. Aujourd'hui, la donne est en train de changer. Il y a des signes de la fin du «chèque en blanc» en faveur d'Israël. Il était impensable, il y a à peine deux ou trois ans, qu'un ambassadeur d'Israël se fasse convoquer par un quelconque pays de la planète. Aujourd'hui, non seulement, plusieurs pays d'Europe l'on fait, mais on parle sérieusement du rappel par les Anglais et les Français de leurs ambassadeurs en Israël. Devant cette montée des périls, il ne reste aux Israéliens que la chance de se trouver un dirigeant de la trempe d'un Ytzhak Rabbin. Ce dirigeant israélien qui, pour avoir signé les accords d'Oslo, a été assassiné en Israël par un Israélien en 1995. Les négociations israélo-palestiniennes ont été enterrées avec cet homme de paix. Qui sauvera maintenant les Israéliens?