Le changement d'adresse et la non-divulgation de leur identité en cas de dénonciation dans les grandes affaires ont été proposés. La corruption continue de se développer en Algérie. Mais comment faire pour lutter efficacement contre ce fléau qui est en train de s'ancrer au sein de la société? Le moyen le plus simple demeure encore et toujours celui de la dénonciation. C'est dans ce sens que le représentant de l'Association de lutte contre la corruption et les fléaux sociaux «El Widadia», Maouche Malek, a appelé dimanche dernier, à Alger, à accorder davantage de garanties juridiques aux dénonciateurs et témoins des crimes de corruption. Dans son intervention lors de la journée d'étude consacrée à la présentation de «la convention de lutte contre la corruption de l'ONU et la législation nationale», M.Maouche a souligné la nécessité d'accorder davantage de garanties juridiques aux dénonciateurs et témoins des crimes de corruption en vue d'assurer leur protection. «Le changement d'adresse et la non-divulgation de leur identité en cas de dénonciation dans les grandes affaires», font partie des méthodes qu'il préconise pour protéger les dénonciateurs. M.Maouche n'est pas le seul à avoir pris la parole lors de cette rencontre organisée par le ministère de la Justice dans le cadre de la célébration de la Journée mondiale de la lutte contre la corruption. Le directeur des affaires pénales et des grâces au ministère de la Justice, Mokhtar Lakhdari, a basé son intervention sur l'importance de la société civile dans la lutte contre la corruption. «C'est une responsabilité collective qui exige la conjugaison des efforts de tous les membres de la société», a-t-il souligné. Les plaidoiries faites lors de cette célébration sont-elles suffisantes pour une société où la corruption progresse rapidement? Un pays que le rapport annuel 2012 de Transparency International classe à la peu honorable 105e place sur un total de 176 pays (classement des pays les moins corrompus). Mauvais élève, l'Algérie n'a pu obtenir mieux que la catastrophique note de 3,4/10 de l'indice de la perception de la corruption qui mesure le niveau de corruption dans le secteur public. Plus l'indice est faible, plus le pays est corrompu. Glisser un billet de 1000 DA dans la poche de celui-ci, doper le compte d'un autre de millions de dinars sont des faits réels, devenus des pratiques, en vue de bénéficier d'un privilège ou même d'un droit. Pis, cela se passe au vu et au su de tous sans que ces actes ne soient dénoncés. Somme toute, le citoyen fait constamment face à des rapports d'autorité où il se voit contraint d'injecter une somme d'argent afin de bénéficier de son droit, notamment dans des situations d'urgence. Cependant, cette pratique est devenue pour certains une habitude consommable quotidiennement dans l'accomplissement de leurs activités, voire des honoraires obligatoires et supplémentaires à verser à de nombreux agents administratifs qui blâment l'insuffisance de leurs salaires. Certains le font donc par obligation, d'autres par choix ou d'autres encore, par ignorance. Mais une réalité s'impose, on ne pourra point pousser les gens à dénoncer la corruption en l'absence d'une «vraie» loi les protégeant. Les propositions de M.Maouche pourraient être le socle qui permettra la vraie protection des dénonciateurs.