Le Premier ministre a donné instruction aux organismes financiers du pays afin de se «débureaucratiser». Abdelmalek Sellal a commencé sa bataille contre la bureaucratie. Le Premier ministre a adressé, jeudi dernier, une instruction à l'ensemble des départements ministériels relevant du secteur économique, à la Banque d'Algérie ainsi qu'à toutes les institutions financières du pays pour «débureaucratiser» le système bancaire et cela dès le 1er janvier 2013. Cette instruction fait état de l'allégement des dossiers pour l'ouverture d'un compte bancaire pour les particuliers ainsi que pour les entreprises. Le Premier ministre a également ordonné aux institutions financières de faire montre de la même souplesse s'agissant de l'octroi et de la levée des crédits bancaires au profit des entreprises. Cette instruction fait aussi état de la facilitation de l'accès aux crédits d'investissements au profit des PME. Toutefois, reste à savoir si cette décision est adéquate. Qu'en pensent les spécialistes? Le Dr Abdelmalek Serraï, expert international estime que cette décision fait office de véritable révolution. «C'est une réaction très utile et rapide aux dernières rencontres qui ont regroupé le ministre, le patronat, l'Ugta et nous les experts», atteste-t-il. «Ces décisions permettront incontestablement de relancer la production nationale», certifie M.Serraï. «Ce genre de décisions nous remontent le moral car il y a un dynamisme qui est en train de se mettre en place», poursuit-il. «J'espère seulement qu'elles seront accompagnées du recrutement de jeunes diplômés dans le secteur de l'industrie et des services», fait-il comme suggestion. C'est la même satisfaction qui est perçue chez le Dr Abderrahmane Mebtoul, économiste, professeur des universités, expert international en management stratégique. Il résume cette instruction en deux mots: simple et non coûteuse. «C'est une très bonne décision dont j'ai déjà eu vent avant sa divulgation par la presse nationale, mais ce qui me fait peur, c'est qu'elle ne soit pas appliquée», craint le Dr Mebtoul. Cependant, il émet quelques resserves sur l'octroi des crédits, pour «les rendre plus efficaces». «C'est une avancée, mais je regrette le fait qu'il n'ait pas été décidé de délocaliser les bureaux d'études et de suivi des crédits au niveau régional», assure-t-il. «Maintenant, si une entreprise ou un particulier demande un crédit dans une autre région qu'Alger, il devra attendre que son dossier descende à la direction qui est à Alger pour être étudié. Or, cela prend beaucoup de temps», affirme-t-il. «Pour moi donc, il est nécessaire que les banques créent au niveau régional des bureaux d'études et de suivi avec un seuil qui définit le moment où la banque étudie ces crédits au niveau local ou elle l'envoie à la direction», ajoute-t-il. Autre remarque du Dr Mebtoul, l'absence d'un organisme de secours en cas de faillite des souscripteurs aux crédits. «Les crédits sont donnés à partir des épargnes des clients pour les protéger. Je pense qu'on doit créer une chambre de compensation», suggère-t-il. «Il faut trouver un mécanisme qui permet aux banques de compenser leurs pertes en cas de non-remboursement de crédit afin qu'elles ne se retournent pas vers l'Etat pour les sauver de la faillite», soutient-il. En conclusion, le Dr Mebtoul réaffirme sa satisfaction quant à ces mesures, mais pose une question fondamentale: «Est-ce que la bureaucratie se laissera faire...?»