Le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz a appelé mardi à Paris à un règlement « dans les plus brefs délais » de la crise au Mali, émettant l'espoir que ses conséquences « épargnent l'héritage commun de l'humanité ». « Aujourd'hui, notre principal sujet d'inquiétude est le sort du patrimoine culturel dans les régions du Nord du Mali, particulièrement à Tombouctou, ville inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco », a déclaré à la presse M. Aziz. « Tombouctou est dépositaire par ses mosquées, ses manuscrits, ses mausolées, d'une grande partie de la mémoire collective (...), centre d'un rayonnement culturel reliant le Maghreb au Sahel », a-t-il ajouté. « Tout effort pour aider Tombouctou à préserver son héritage culturel est tributaire de la paix. C'est pourquoi nous exprimons nos vifs souhaits que la crise qui règne au Mali soit résolue dans les plus brefs délais et que les événements qu'elle engendre épargnent l'héritage commun de l'humanité », a-t-il affirmé. Le nord du Mali, frontalier de la Mauritanie, est occupé depuis fin juin par des groupes armés islamistes qui ont imposé la charia (loi islamique) avec une extrême rigueur et multiplient les exactions, détruisant notamment des mausolées. Le Mali est plongé depuis mardi dans une nouvelle crise politique, après la démission forcée du Premier ministre Cheick Modibo Diarra sous la pression d'anciens officiers putschistes hostiles à une action militaire étrangère. La Mauritanie « se tient prête » à aider le Mali. « Nous avons déjà accueilli près de 100.000 réfugiés maliens qui fuient la violence », a précisé le président mauritanien. Mohamed Ould Abdel Aziz et la directrice générale de l'Unesco, Irina Bokova, ont signé une déclaration commune, dans laquelle ils demandent notamment aux Etats membres de l'Unesco de « coopérer pour prévenir le trafic illicite de biens culturels de Tombouctou ». Une intervention armée internationale est en préparation, avec l'aval de l'ONU, pour chasser du nord du Mali les groupes islamistes armés qui l'occupent, dont Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Mais la Mauritanie, qui a mené en 2010 et 2011 des raids en territoire malien contre Aqmi, privilégie l'option de la négociation avant une intervention militaire.