Le Premier ministre marocain, Abdelilah Benkirane, accueillant à Casablanca son homologue français, Jean-Marc Ayrault Dans sa visite au Royaume chérifien, le chef du gouvernement français était accompagné par huit ministres dont le chef de la diplomatie, Laurent Fabius. La France et le Maroc ont convenu jeudi de renforcer leurs liens, signant des accords portant sur 280 millions d'euros, lors d'une visite officielle du Premier ministre Jean-Marc Ayrault intervenant quelques jours avant un déplacement du président François Hollande en Algérie. Tout au long de ses deux jours au Maroc -à Casablanca puis à Rabat-, le chef du gouvernement français, accueilli par son homologue Abdelilah Benkirane et reçu en audience par le roi Mohammed VI, a insisté sur le caractère d' «exception» de la relation «historique» des deux pays. Un «message de confiance» martelé à quelques jours du voyage officiel du président de la République François Hollande en Algérie, pour son premier déplacement au Maghreb, mal perçu dans certains médias marocains qui ont évoqué l'existence d'un tropisme algérien du nouveau pouvoir français, aux dépens du Maroc. Le roi considère que ce voyage de M.Hollande n'a «aucune incidence» sur les relations Paris-Rabat, il n'y a aucune «susceptibilité» de sa part, a cependant assuré M.Ayrault. Accompagné de huit ministres, dont Laurent Fabius (Affaires étrangères), Manuel Valls (Intérieur) et Arnaud Montebourg (Redressement productif), M.Ayrault a signé jeudi pour 280 millions d'euros d'accords de partenariat, à l'occasion d'une «rencontre de haut niveau», un séminaire intergouvernemental qui se réunit tous les deux ans depuis 1997. Alors que l'été dernier, des déclarations de M.Montebourg sur les délocalisations d'entreprises, via les centres d'appels, avaient choqué au Maroc, les deux pays ont conclu de «favoriser la colocalisation». Il s'agit d'accepter le principe que les investissements français au Maroc, «ont aussi des retombées positives sur l'économie française s'il y a une stratégie de partage de la valeur ajoutée», souligne-t-on côté français. Dans le domaine de l'enseignement supérieur, des établissements français vont être créés au Maroc, délivrant des diplômes français (santé, architecture, ingénierie). Par ailleurs, les deux pays se sont engagés à favoriser la «mobilité», en assouplissant certaines mesures pour l'obtention de visas. Cependant, la question des droits de l'Homme a peu fait l'objet de déclarations publiques, alors que 70 militants du «Mouvement du 20-Février» sont actuellement en prison, selon des associations. M.Benkirane a estimé que les jeunes de ce mouvement né l'an dernier dans le contexte du Printemps arabe n'étaient pas «des personnes sacrées», faisant valoir que tous n'avaient pas été arrêtés et demandant de «comparer» avec d'autres pays de la région. «Je ne vais pas vous dire que notre système est parfait», a-t-il ajouté, soulignant que les Européens devaient «prendre les choses comme ça (...). Nous ne sommes pas une copie de la France (...), nous sommes de très bons amis, on se donne la main, mais nous sommes le Maroc». Peu avant, Jean-Marc Ayrault avait salué les «réformes démocratiques» engagées par le Maroc, considérant le pays comme «un pôle de stabilité» dans le Maghreb. A la question de savoir s'il abordait le sujet des droits de l'Homme dans ses entretiens, M.Ayrault a répondu: «on aborde tout, mais de façon respectueuse des partenaires dans un pays qui est indépendant». «Nous n'avons pas une attitude hautaine et donneuse de leçon», a-t-il dit, soulignant que «la France est attachée à certains principes et certaines valeurs qu'elle entend défendre partout: liberté d'expression et liberté de la presse». Une source diplomatique française a assuré que le thème des droits de l'Homme avait été abordé durant les entretiens bilatéraux, par le Premier ministre mais aussi par M.Fabius «qui a soulevé des points précis».