Le mouvement citoyen de Kabylie continue d'être miné par le clivage entre partisans et adversaires du dialogue avec le pouvoir. Manifestement, les tentatives de réconciliation, qui ont pourtant suscité un grand espoir de voir les animateurs de la contestation reparler d'une seule et même voix, n'ont vraisemblablement pas abouti. La preuve est que ce week-end, nous assisterons à deux Interwilayas qui se tiendront, dans le même temps, à Boudjellil et à Akbou. Au-delà des arguments que chacune des deux tendances fait valoir, pour justifier sa position par rapport à ce dialogue diviseur, l'essentiel est qu'au bout, la Kabylie trouve son compte à travers une solution qui rendrait possible le règlement de la crise et consacre de manière irréversible la plate-forme d'El-Kseur pour laquelle sont tombés les martyrs du Printemps noir. La réunification des rangs de la Coordination intercommunale de la wilaya de Béjaïa (Cicb), décision sur laquelle avait débouché la dernière rencontre de la Cicb tenue récemment à Seddouk, n'a finalement pas tenu ses promesses. Pour preuve, le conclave de réconciliation que devait abriter ce lundi, la Maison de jeunes d'Amizour, n'a pu se tenir, dès lors que la plupart des coordinations communales venues prendre part à cette rencontre, ont dû quitter les lieux avant même l'entame des travaux de la plénière. En effet, les palabres ininterrompues qui ont émaillé ces “retrouvailles”, ont empêché l'ouverture des travaux de cette réunion prévue à 18h. Sentant le rapport de force numérique basculer contre leur camp, les partisans du dialogue se sont évertués à recourir aux manœuvres dilatoires en vue de décourager certaines coordinations rivales, en jouant sur l'usure et la lassitude. Ce n'est que vers 22h30 que l'aile anti-dialogue, forte de 21 coordinations communales sur la trentaine présente, a pris sur elle de se démarquer de cette initiative pour décider dans la foulée, de tenir son conclave au centre culturel d'El-Kseur. Le retrait de la majorité des communes affiliées à la Cicb a contraint les coordinations favorables au dialogue à ajourner les travaux de leur rencontre. Pour leur part, les “non-dialoguistes”, réunis à El-Kseur, n'ont pas manqué de condamner leurs anciens camarades accusés de “s'être fourvoyés dans un processus de compromission, avec le pouvoir maffieux et assassin”. Lors de son intervention, le porte-parole du comité de la société civile (CSC) d'El-Kseur, Ali Gherbi, n'est pas allé avec le dos de la cuillère pour fustiger le pouvoir et ses relais locaux. “Chacun sait que Bouteflika a une revanche à prendre sur le RCD. C'est pour cela qu'il veut, via son Chef du gouvernement, arriver coûte que coûte au dialogue avec les archs, afin de couper l'herbe sous les pieds de Saïd Sadi”, clamera-t-il. à l'issue des travaux de ce conclave, les participants ont décidé, à l'unanimité, de tenir le 23e conclave de l'interwilayas, demain jeudi, au centre culturel d'Akbou. Tandis que les partisans du dialogue version Ouyahia devraient se retrouver le même jour à Boudjellil. Notons qu'une conférence de presse sera animée, aujourd'hui, à Béjaïa par l'aile dite “antidialogue” de la Cicb. K. O.