Sharon a annoncé dimanche le démantèlement accéléré des colonies...sauvages. En réalité, cet empressement à démanteler des colonies, dites sauvages, dans les territoires palestiniens occupés en Cisjordanie et à Gaza, -dont la majorité de celles concernées par cette décision sont inhabitées-, est une opération ayant un double objectif : conforter l'existence de colonies sauvages, habitées celles-là, comme celle de Migron près de Ramallah, d'une part, faire croire, d'autre part, au mentor américain, le président George W.Bush, qu'Israël est disposé à appliquer à la lettre la «feuille de route». De fait, cette opération démantèlement, précédée d'un énorme tapage médiatique, laisse sceptique nombre d'analystes et d'Israéliens qui ont peine à croire à un retournement de politique de la part d'Ariel Sharon, sous le mandat duquel, plus de 100 colonies, sauvages et illégales, ont été construites dans les territoires occupés, alors que plusieurs colonies dites «légales» ont bénéficié de plans d'expansion depuis trois ans. D'ailleurs, dubitatif, Yossi Sarid, député du Meretz (gauche laïque israélienne) estime que le démantèlement envisagé par Sharon n'est qu'«une farce», accusant le chef du gouvernement israélien de «faire avaler des couleuvres au président américain George W.Bush» et faisant remarquer que sur les quatre colonies destinées à la destruction, trois ne sont pas habitées, alors que la quatrième n'abrite que treize familles. Tout aussi sceptique est un responsable du mouvement israélien la Paix Maintenant qui relève «Plus d'une centaine de colonies sauvages ont été édifiées en trois ans, et le monde entier demande à Israël de stopper cette politique catastrophique». De fait, justifiant le futur démantèlement de ces colonies le ministre israélien de la justice, Tommy Lapid, indique : «J'espère que les colons ne causeront pas de problèmes. Ils perturbent nos relations avec les Etats-Unis et les Européens». Alors, Israël offre à ses partenaires américains et européens le show du faux démantèlement qui en réalité ne touche aucune des colonies dites «légales» qui défigurent les territoires occupés, empêchent et bloquent toute solution pacifique du contentieux israélo-palestinien. Dès lors, le pseudo-démantèlement des colonies est un faux test, qui ne coûte rien au gouvernement Sharon sinon de détruire quelques baraques édifiées ici et là en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Car, le vrai test de l'aptitude à la paix d'Israël, par la destruction des colonies édifiées depuis 1967 sur les territoires palestiniens occupés, reste encore à venir. De fait, dans son plan de séparation, Sharon envisage purement et simplement d'annexer les territoires palestiniens sur lesquels sont construites ces colonies. Aussi, de quelle paix avec les Palestiniens parle Sharon? De fait, en compensation au démantèlement des fausses colonies, le gouvernement Sharon offre aux colons la légalisation de leur radio pirate «Aroutz Sheva» (Canal 7) dont les programmes, depuis 1993, étaient de s'opposer violemment à l'autonomie palestinienne, préconisée par les accord d'Oslo, et à tout retrait israélien des territoires palestiniens. D'ailleurs, le ministère palestinien de l'Information a dénoncé hier cette légalisation de la radio pirate, indiquant «Le ministère (palestinien) de l'Information considère que cette mesure s'apparente à une légalisation officielle de l'incitation contre le peuple palestinien et une consécration d'une culture raciste destructrice pour la paix». Dès lors, il est clair que le démantèlement des colonies...sauvages apparaît de plus en plus comme de la poudre aux yeux, une manoeuvre pour calmer l'irritation des Etats-Unis et l'inquiétude des Européens, alors que Sharon met en revanche tout en oeuvre pour conforter l'implantation des colons, et d'Israël, dans les territoires palestiniens.