Deux baraquements de fortune installés sur une colline de Cisjordanie montrent que de nouvelles colonies sauvages continuent d'apparaître, une situation sur laquelle le Premier ministre Ariel Sharon devra sans doute s'expliquer cette semaine à Washington. Les deux caravanes sont inhabitées. Elles ont été installées sur une hauteur au sud de Naplouse au cours des dernières semaines, selon le mouvement anti-colonisation La paix maintenant, en dépit des engagements de démanteler les colonies sauvages pris, début juin, par le Premier ministre israélien lors du sommet d'Aqaba (Jordanie). Depuis, une dizaine d'entre elles ont bien été démantelées au cours d'opérations de l'armée fortement médiatisées, mais les colons juifs radicaux les ont aussitôt remplacées. "Il s'agit d'une tentative de tromper les Israéliens, les Palestiniens et la communauté internationale en refusant de payer le prix de la paix", affirme Dror Etkes, un militant de La paix maintenant, qui a repéré les deux caravanes de la colonie sauvage d'Eli en survolant la région de Naplouse à bord d'un appareil de tourisme. M. Sharon a longtemps été pour les colons le champion de la colonisation à outrance et son appel de 1998 de "se saisir de toutes les collines de Judée Samarie" (Cisjordanie) est encore dans toutes les mémoires. Conformément à la "feuille de route", le plan de paix international lancé à Aqaba et prévoyant la création d'un Etat palestinien d'ici 2005, Israël doit démanteler la soixantaine de colonies sauvages créées en Cisjordanie depuis l'entrée en fonction de M. Sharon en mars 2001. L'armée a indiqué avoir démantelé dans la nuit de dimanche à lundi une colonie sauvage rudimentaire près de Hébron (sud). M. Sharon entend convaincre hier le président américain George W. Bush de sa bonne foi d'appliquer la "feuille de route", et que ce sont les Palestiniens, selon lui, qui y font obstacle. Mais pour Dror Etkes, le gouvernement Sharon n'a pas la volonté politique nécessaire pour maîtriser les colons. "C'est une question de volonté politique. Il (le gouvernement) ne veut pas s'y résoudre. Il ne le dit pas, mais il ment", dit-il. Pour l'heure, la colonie sauvage d'Eli est inhabitée mais les travaux effectués par les colons, dont la percée d'une route dans un bois d'oliviers et de figuiers, indiquent qu'elle ne devrait pas le rester longtemps. 2.500 colons vivent dans la colonie-mère proche.