Sur initiative de la fondation Déserts du monde, un circuit touristique a été organisé dimanche dernier à Aghlad, une charmante localité qui fait partie de la daïra de la wilaya d'Adrar et de Timimoun. L'occasion pour nous était donnée mais aussi pour les hôtes de la fondation, de visiter ce magnifique ksar restauré, plus précisément l'aile extérieure du grand ksar, qui s'appelle Aghlad. Cela entre dans le cadre d'une opération d'un grand projet de développement communautaire initié par le programme des Nations unies pour le développement et le gouvernement algérien. «L'idée de restaurer ce ksar est une preuve qu'on peut restaurer une partie du patrimoine», nous dira-t-on. Il servira en outre de local pour l'ONG. A l'intérieur, on y trouvera des bureaux, un pour le développement artisanal chez la femme, un local pour la lutte contre l'analphabétisme et un autre pour l'initiation à l'informatique. Il est prévu également pour la deuxième aile, non encore restaurée, de mettre en place deux ou trois salles à même de servir comme espace d'accueil pour les touristes. Il est prévu également la formation de jeunes au métier d'accompagnateur touristique. «A terme, cette population isolée, produira un service complet pour les touristes. Donc, elle aura des ressources pour subvenir à ses besoins en complément à ce que produit la palmeraie», assure M.Ilias, directeur national du projet du développement communautaire ici à Ouled Saïd à quelques kilomètres de Timimoun. Ce sont là aussi les termes d'un long et ambitieux projet qui est en gestation avec l'Unicef, le Pnud et le gouvernement algérien. «Nous avons commencé par cet exemple, pour donner les preuves que c'est jouable. C'est faisable. C'est pour ça que nous avons restauré ce ksar. C'est un exemple pratique que de le visiter. Ce ne sont plus maintenant de belles paroles en l'air. Il y a un cas concret et c'est pour cette raison qu'on a invité beaucoup de gens pour qu'ils puissent voir et parmi eux on trouvera certainement des bailleurs de fonds qui vont nous aider à restaurer la plus grande partie du ksar», nous explique-t-on. Appelée communément «la route des ksour», ce projet concerne également le fort de Tinerkouk dont l'inauguration a eu lieu lundi dernier, à 70 km de Timimoun avec la venue de Chérif Rahmani, ministre de l'Environnement et président de la fondation Déserts du monde, tout le cérémonial qui consacre cet événement à savoir un accueil chaleureux avec dattes et lait, traduisant ainsi toute l'hospitalité des gens du sud. Restauré en à peine cinq mois, le caravansérail de Tinerkouk est une ancienne caserne de l'époque coloniale, construite en 1957. Une présentation ou visite guidée de ce très beau fort, comprenant entre autres plusieurs chambres, réfectoire, infirmerie et même une piscine, a eu lieu en présence des invités potentiels de la fondation, notamment Hervé Barre de l'Unesco, les ambassadeurs du Danemark, du Sénégal, M.Topfer, directeur exécutif du Programme des Nations unies pour l'environnement (Pnud), le wali d'Adrar, le président de l'APW ainsi que Jean Daniel, célèbre journaliste du Nouvel Observateur, et autres artistes français... Evoquant le rapport étroit qui existe entre les diversités culturelles et biologiques, Cherif Rahmani dira: «Quand on parle de culture des peuples des déserts, c'est l'expression rurale, c'est la chanson, les instruments aussi mais c'est également toute l'architecture, l'urbanisme. C'est une manière d'habiter, de vivre dans la cité, c'est un mode de vie, c'est un savoir-faire de manière générale. Une diversité culturelle va toujours de paire avec à une diversité biologique donc à des espèces animales et végétales qui existent». En effet, joignant l'acte à la parole, ce sont 13.000 hectares qui sont en phase d'être réhabilités donc repeuplés par les espèces animales et végétales en utilisant l'économie de l'eau à titre d'exemple le goutte-à-goutte en réhabilitant un ancien forage. «Nous réhabilitons le savoir-faire qui permet de valoriser la mémoire, de tenir compte de nos racines, distribuer des revenus pour éviter que les gens ne vivent que de la monoproduction des dattes. Le plus important c'est que par delà les frontières, il existe des espaces désertiques; c'est à cet échange interculturel avec les autres peuples du désert que nous assistons aujourd'hui, puisque sur des déserts différents, il y a des pratiques aussi différentes. Si nous voulons maintenir cette interculturalité, cette pluridiversité, il est absolument nécessaire de réaliser un réseau d'échanges entre ces cultures et ces peuples et c'est ce que nous faisons avec ce fort que nous venons d'inaugurer aujourd'hui», affirme le ministre de l'Environnement. Aussi, ce sont des matériaux locaux qui ont servi pour la réhabilitation de ce bâti, un joyau patrimonial extraordinaire. Un enracinement au coeur du Sahara algérien. Un message fort adressé par la fondation Déserts du monde à l'intention des populations des déserts. S'agissant du ksar d'Aghlad, M.Rahmani souligne «la gradualité du programme» qui s'inscrit en collaboration avec le wali, les chefs de daïra et les présidents d'APC. «Nous réhabilitons ces ksour qui sont plusieurs fois millénaires pour les sortir de l'oubli et leur redonner la beauté, leur éclat et leur esthétique d'antan parce qu'ils sont liés à la dignité de ces populations et surtout pour qu'ils soient une source pour le développement durable», achève d'expliquer Cherif Rahmani.