Le mouvement de solidarité avec ce parti historique est le plus vaste qu'ait jamais vécu l'Algérie depuis l'indépendance. Nouveaux rebondissements dans la crise qui secoue le FLN et, partant, les fondements mêmes de l'édifice étatique algérien. Nous apprenons, de sources crédibles, qu'une délégation de pas moins de 160 députés membres du FLN, conduite par le président de l'APN, Karim Younès, «s'est rendue hier au siège national de ce parti pour confirmer son soutien au secrétaire général du FLN, Ali Benflis, de même qu'à sa candidature à la magistrature suprême». Les députés, au passage, ont improvisé une marche qui les a conduits jusqu'au siège national de leur parti. Ils ont scandé des slogans glorifiant leur secrétaire général et lui souhaitant d'être le futur président de la République algérienne. La manifestation n'a pas laissé de jeter l'émoi dans les rangs des redresseurs qui s'attendaient à des «adhésions» massives depuis le verdict rendu en leur faveur par la chambre administrative près la cour d'Alger. Cela est loin d'être le cas. Ce serait même l'effet inverse qui se serait produit à la suite du fantastique élan de solidarité déclenché en faveur du FLN légitime, ce qui n'a pas laissé de conforter ses troupes dans leurs convictions. Sur les 199 députés que compte ce parti, pas moins de 160 restent fidèles à leur secrétaire général et aux décisions «prises en toute légitimité et démocratie lors du 8e congrès du FLN, comme le reconnaissaient les redresseurs eux-mêmes avant de changer brusquement d'avis». Ce véritable rebondissement, estiment les observateurs, «prouve que Benflis ainsi que les membres de la direction légitime du FLN contrôlent au moins 80 % des rangs de ce parti». Le taux, estime-t-on, doit être pareil au sein des autres instances à la suite du second souffle retrouvé par le premier parti du pays. Très peu d'observateurs, en effet, s'attendaient à ce que la crise prenne une pareille tournure depuis que la justice avait été amenée à statuer en faveur des redresseurs, lors même que la défense avait produit un document montrant des dirigeants de ce mouvement en train d'applaudir à toutes les décisions prises lors du 8e congrès du FLN. Dès les premières minutes de l'annonce du verdict de la cour d'Alger, les élans de solidarité n'ont cessé d'aller crescendo. C'est ainsi que toute la classe politique, y compris des partis membres de la coalition gouvernementale, ont rendu publics des communiqués dénonçant cette «grave dérive» venue menacer «fondamentalement la régularité du prochain scrutin présidentiel». Beaucoup de ces leaders avaient pris sur eux d'effectuer le déplacement jusqu'au siège du FLN pour exprimer leur solidarité et leur sympathie de vive voix à un Benflis devenu, par la force des choses, une sorte d'incarnation et de leader d'un combat démocratique qui n'a jamais autant fait rage qu'en ces moments cruciaux de l'avenir politique de notre pays. Des personnages qui pèsent véritablement sur l'échiquier politique et dont la crédibilité n'est pas du tout à mettre en doute, ont eux aussi rendu des visites de solidarité au secrétaire général du FLN, à l'instar de Ahmed Taleb Ibrahimi, Leila Aslaoui, le commandant Azzedine et Abdelhak Brerhi. Même Ali Benhadj, pourtant interdit de toute activité et de toute déclaration publique, s'est rendu sur les lieux dans le même but et a même publié un communiqué signé de la main de son frère Abdelhamid, et dont nous avons pris connaissance quelques jours plus tard. Même l'ancien président Liamine Zeroual, dont la probité morale et politique a laissé des souvenirs indélébiles chez les citoyens algériens, a fini par quitter son long silence et par «exploser» face à l'arbitraire érigé en règle. Dans un mémorable appel téléphonique, Liamine Zeroual a, lui aussi, pris position du côté du droit et de la justice. C'est dans cette conjoncture toute particulière qu'intervient le véritable coup de théâtre des députés du FLN, redressant durablement la balance en faveur du secrétaire général du FLN. La panique semble telle dans les rangs des redresseurs qu'ils montrent une «irritation» sans retenue à l'évocation de ce fantastique élan de solidarité, dont l'ampleur, estiment les observateurs avertis, peut faire échouer le complot dont est victime le FLN, mais aussi désamorcer la crise politique qui secoue le pays.