L'Algérie est face à une situation inédite porteuse d'une grande incertitude. Constitutionnellement garante de la stabilité du pays et du caractère républicain de l'Etat algérien, l'armée est actuellement interpellée par la classe politique nationale pour assurer une nouvelle mission, celle de garantir la séparation effective des pouvoirs et d'imposer la neutralité de l'administration qu'on accuse d'être inféodée au cercle présidentiel. Cependant, l'institution militaire ne semble pas pressée d'exercer les prérogatives qu'on veut lui confier aux fins d'installer, dit-on, l'Algérie dans une dynamique démocratique réelle. Les tenants de ce discours estiment que l'avenir du caractère républicain du pays est en péril si la prochaine élection présidentielle ne se déroule pas dans le respect total des règles démocratiques. Plusieurs scénarios-catastrophe ont même été émis pour justifier une intervention de l'armée en tant qu'arbitre de la vie politique de l'Algérie. Ce qui s'est produit en Géorgie tient lieu d'exemple. L'un des signes précurseurs d'une dégradation du climat socio-politique est l'invalidation du congrès du FLN que de nombreux acteurs politiques contestent. Cet état de fait met l'Algérie devant une situation inédite porteuse d'une grande incertitude. Même si nous sommes très loin de la situation qui a prévalu dans le pays au lendemain du premier tour des élections législatives de décembre 91, cela n'empêche pas les leaders politiques d'appeler à l'intervention de l'institution militaire pour garantir la neutralité des autres institutions de la République. Le verdict d'hier est en effet interprété par beaucoup, le secrétaire général du FLN en premier, comme une manifestation évidente d'une ingérence caractérisée dans le pouvoir judiciaire. Avant cet épisode, c'est l'administration qu'on accusait d'être politiquement acquise au cercle présidentiel. Pour une bonne partie du personnel politique qui a manifesté son soutien à Ali Benflis, la décision d'invalidation est la goutte qui a fait déborder le vase. Aussi, des voix s'élèvent pour exiger l'arbitrage de l'armée aux fins de garantir la neutralité de la justice et de l'administration par rapport à la chose politique. Un véritable consensus s'est effectivement réalisée sur la nécessité d'un rôle plus appuyé de l'institution militaire dans le domaine politique. Une revendication qui ne date pas d'hier, puisque formulée depuis plusieurs mois par la quasi-totalité des candidats potentiels à la prochaine élection présidentielle.