Ces hommes sont dans le collimateur de Morsi Un appel est lancé à des manifestations contre Morsi le 25 janvier prochain. Le procureur général égyptien Talaat Abdallah a demandé jeudi d'ouvrir une enquête visant les trois principaux chefs de l'opposition laïque, accusés d'avoir incité au renversement du président islamiste Mohamed Morsi, a-t-on appris de source judiciaire. Cette enquête concerne le prix Nobel de la Paix et ancien chef de l'agence nucléaire de l'ONU Mohammed ElBaradei, l'ancien patron de la Ligue arabe Amr Moussa et le leader de la gauche nationaliste Hamdeen Sabbahi. MM.Moussa et Sabbahi ont été candidats à la présidentielle de juin contre M.Morsi. Le procureur général, nommé par M. Morsi il y a quelques semaines, a demandé au ministre de la Justice Ahmed Mekki de nommer un juge d'instruction pour enquêter sur des accusations "d'incitation au renversement du régime" portées contre les trois opposants par un membre du Syndicat des avocats, Me al-Sayyed Hamed. Ce type d'enquête peut, si les accusations sont jugées fondées, mener à des inculpations et à un procès. MM.ElBaradei, Moussa et Sabbahi sont à la tête du Front national du salut (FSN), principale coalition de l'opposition, qui a mené un combat farouche contre le projet de Constitution, soutenu par les islamistes, qui vient d'être approuvé par référendum. Le FSN estime que ce référendum a été entaché de graves fraudes et irrégularités et a promis de poursuivre son combat pour faire invalider la nouvelle loi fondamentale, accusée de favoriser l'islamisation de la législation et d'offrir peu de garanties pour certaines libertés. Le FSN appelle en outre à des manifestations contre M.Morsi le 25 janvier prochain, pour le deuxième anniversaire du début du soulèvement populaire qui poussa l'ancien président Hosni Moubarak à la démission. L'adoption de la Constitution par 63,8% des votants mais avec une participation de seulement 32,9%, doit être suivie dans un délai de deux mois par des élections législatives, pour lesquelles l'opposition réfléchit à un front commun. Les semaines précédant le référendum, qui s'est tenu les 15 et 22 décembre, ont été marquées par de nombreuses manifestations des deux camps et des affrontements parfois violents entre militants, dans lesquels huit personnes ont trouvé la mort. Par ailleurs, le procureur général égyptien a ordonné jeudi le transfert du président déchu Hosni Moubarak de sa prison vers un hôpital militaire en raison d'une détérioration de son état de santé, a indiqué une source du bureau du procureur. Moubarak, condamné en juin à perpétuité pour la répression du soulèvement populaire contre son régime qui a fait quelque 850 morts, avait déjà été brièvement hospitalisé le 19 décembre pour subir un scanner du crâne après s'être blessé en tombant dans sa douche, en prison. L'ancien président, 84 ans, devra retourner à la prison de Tora, dans la banlieue sud du Caire, une fois le traitement terminé, selon cette source qui n'a pas donné plus de précision. La santé de M.Moubarak, un tabou sous sa présidence, est sujette à de nombreuses spéculations et informations contradictoires depuis sa démission sous la pression d'une révolte populaire en février 2011. Tout au long de son procès, il était apparu devant les juges allongé sur une civière, enfermé dans un box grillagé, loin de l'image de dirigeant courtisé sur la scène internationale et redouté à domicile, qu'il avait été autrefois.