Un enfant qui a été victime de mauvais traitements est plus susceptible de vivre des relations violentes une fois arrivé à l'âge adulte Les lois en vigueur en Occident pénalisent les parents négligents, ce qui n'est pas le cas en Algérie. La violence contre les enfants en Algérie prend des proportions alarmantes. Le bilan établi par la direction de la police judiciaire sur les violences donne des sueurs froides: 5 495 enfants ont été victimes de violences durant l'année 2012. «Le drame est que ces violences ont généralement lieu en milieu familial», regrette Zmirli Souhila, psychologue dans un hôpital public. «D'après les cas enregistrés à notre niveau, les filles sont les plus touchées et celles qui dénoncent le moins leur agresseur», ajoute Mme Zmirli, soulignant que «les cas de violence physique impliquent le père ou la mère, mais la violence sexuelle est habituellement commise par d'autres personnes alliées ou des personnes non apparentées. On dénombre 4 à 5 cas d'abus sexuels par mois», révèle-t-elle enocore. Si le nombre réel de maltraitance reste difficile à estimer, la psychologue avance un chiffre de 50 000 cas par an. Les dégâts peuvent durer toute une vie. Un enfant qui a été victime de mauvais traitements est plus susceptible de vivre des relations violentes une fois arrivé à l'âge adulte. En effet, les parents qui maltraitent leurs enfants ont souvent eu eux-mêmes une enfance pénible. «Le fait d'être témoin de violence familiale est aussi mauvais que de l'avoir vécue directement», note le Dr Zmirli. Selon la Fondation nationale pour la promotion de la santé et du développement de la recherche (Forem), les premiers responsables de cette situation sont les parents. Les lois en vigueur en Occident pénalisent les parents négligents et vont jusqu'à leur soustraire la responsabilité de leurs enfants en cas de négligence ou maltraitance. A l'opposé, laisser faire peut être à l'origine d'enfants délinquants puisque la démission des parents va être suivie par la prise en charge des enfants par la rue. Dans un rapport publié il y a quelques semaines, la Forem a indiqué que les enfants de la rue qui quittent définitivement leurs parents, proviennent pour la plupart de familles disloquées: séparation, parents alcooliques, prison ou violents. Dans le même rapport de la Forem: «La violence sociale traduit une dislocation du tissu sociale dont la famille est la pièce maîtresse. En l'absence de bornes morales et d'une éducation éthique, les enfants vont se réfugier dehors et embrasser la rue qui deviendra leur maître. Ils tomberont fatalement sous l'influence d'un plus fort qu'eux qui deviendra chef de bande». Il appartient donc à l'Etat de prendre les mesures juridiques et sociales qui s'imposent face à la maltraitance. L'Unicef estime que 15% des enfants quittent l'école avant la fin du cycle primaire. Sur le plan santé, les ruptures fréquentes de vaccins et médicaments divers mettent en danger la santé des enfants et créent un dysfonctionnement dans le programme national de vaccination. A cela, il faut ajouter que 20 000 enfants décèdent à leur naissance en Algérie et qu'environ 20.000 autres meurent avant d'avoir atteint leur première année. La couverture sanitaire n'est pas équitable comme en témoigne le fort taux de décès de femmes en couches dans les zones enclavées, des Hauts-Plateaux et du Sud. Ainsi, la situation des enfants d'Algérie au Cinquantenaire du recouvrement de l'Indépendance nationale est certes bien différente de leurs frères d'il y a cinquante ans. Cependant, d'autres problèmes sont apparus chez eux ou sont devenus plus importants. Faute d'un Code de l'enfance, d'une instance nationale chargée du suivi des enfants et d'une identification claire des objectifs à atteindre en matière d'une politique nationale de promotion de l'enfance, les efforts publics, malgré leur importance ne pourront pas cerner les maux dont souffrent les enfants de notre pays ou les endiguer. Selon le même rapport.