Le mausolée de Sidi Bou Saïd, dans la banlieue touristique de Tunis du même nom, a été ravagé par un incendie, la présidence dénonçant dimanche un acte criminel alors que la mouvance salafiste est régulièrement accusée de s'attaquer à de tels sanctuaires. « Ce crime (...) contre notre culture et notre histoire ne doit pas rester impuni », a jugé la présidence tunisienne dans un communiqué, appelant les forces de l'ordre à « n'épargner aucun effort pour arrêter les criminels ». L'enquête sur l'incident est encore en cours pour « déterminer s'il s'agit d'un accident ou d'un acte criminel », a indiqué dimanche le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Khaled Tarrouche. Le village de Sidi Bou Saïd, perché sur une colline dans la banlieue de Tunis, est un site touristique très prisé, connu pour ses petites ruelles et ses maisons traditionnelles aux portes bleues cloutées. De nombreux mausolées dédiés à des saint musulmans ont été incendiés ou saccagés ces derniers mois en Tunisie, des actes attribués aux salafistes, mouvance rigoriste radicale de l'islam sunnite qui considère comme impie d'honorer des saints. Un groupe de salafistes a ainsi été arrêté début décembre et poursuivi pour l'incendie en octobre de l'un des principaux mausolées soufis de Tunis, la zaouïa Saïda Manoubia. Le courant radical, qui représente entre 3.000 et 10.000 personnes en Tunisie, est aussi accusé d'avoir organisé une série d'actions violentes depuis la révolution il y a deux ans. Les salafistes sont notamment soupçonnés d'avoir orchestré l'attaque du 14 septembre contre l'ambassade américaine à Tunis, pour protester contre un film islamophobe produit aux Etats-Unis, qui a fait quatre morts parmi les manifestants.