«De Gaulle ne commençait pas une conférence de presse à l'étranger sans faire référence à la géographie et à l'histoire» Dominique De VILLEPIN Comme pour son intervention en Côte d'Ivoire, la France a peur des images. La guerre au Mali n'est pas filmée et encore moins diffusée. Les rares reportages des journalistes français se font à Bamako pour des raisons de sécurité. C'est à huis clos que la guerre au Mali a commencé et c'est à huis clos qu'elle va se poursuivre. Aucune image du front ni des attaques chirurgicales de l'armée de l'air française comme l'a su si bien le montrer l'armée américaine lors de la guerre en Irak ou en Afghanistan et encore moins des images des islamistes armés. C'est même un journaliste français de France 2, Gérard Grizbeck, qui a tenu à dénoncer cette nouvelle stratégie de com de la guerre au Mali. Il a déclaré à l'antenne que s'il n'y avait ni image française ni image des groupes armés islamistes au nord du Mali. Pour l'heure, ce ne sont pas des troupes régulières, qui mènent la guerre au Mali, mais des «forces spéciales», soigneusement éloignées des caméras des télévisions française et malienne. C'est un véritable black-out que les autorités françaises, armée et gouvernement, ont imposé aux journalistes français et locaux sur place. Les militaires français filtrent les médias étrangers et profitent du manque d'intérêt qu'accordent les médias anglo-saxons et les médias arabes et plus particulièrement Al Jazeera qui reste concentré sur la guerre en Syrie. Les téléspectateurs français et algériens au passage, sont obligés de se taper les reportages de la propagande de l'armée française et des micros-trottoirs réalisés dans les rues de Bamako, avec leur lot et leur dosage de drapeaux français et de «merci la France» et «merci Hollande». Les équipes de TF1 et de France 2 sont interdites de terrain de combat, interdites de filmer les ailes d'un Rafale et surtout interdites de filmer les corps des islamistes. Pour de nombreux médias indépendants français, la France s'est vu confisquer par le locataire de l'Elysée et ses généraux de la «Grande muette», l'essentiel d'une guerre qui n'a pas encore dit son nom. Une guerre qui a été déclenchée pour faire monter Hollande dans les sondages et qui a débuté par un double échec stratégique et militaire: l'échec de l'opération de libération d'un agent de la Dgse et la mort bête d'un premier soldat aux premières heures de l'entrée en guerre de la France au Mali. Une situation qui a fait les bons scripts et le bonheur des Guignols de l'Info sur Canal+, qui se moquent dès maintenant de l'opération Serval et qui traînent dans la dérision l'actuel président français dans des sketchs hilarants. La palme du reportage revient à TF1, qui est allée chercher le soutien du duo de chanteurs maliens Amadou et Mariam, ce qui fait dire à la marionnette de Ppda sur les Guignols que les Maliens n'ont rien vu de la guerre. [email protected]