Le chef du gouvernement, un habitué de ce genre de rencontre, est paru, hier, très soulagé. Les délégués des archs ont finalement quitté, hier, Alger comme ils y sont venus, voilà trois jours : dans la discrétion la plus totale. Dans l'après-midi de ce 6 janvier, rien n'augurait de la fin des pourparlers avec le chef du gouvernement. La presse qui a dû faire le pied de grue devant le Palais du gouvernement n'a récolté ensuite que quelques bribes des représentants du mouvement citoyen. En effet, aux abords de la chefferie du gouvernement, hormis la régie ambulante de la radio stationnée à quelques mètres du bâtiment, tout était à la discrétion la plus totale. Ni les journalistes de la presse écrite encore moins la télévision, honnie par les archs, n'ont été conviés à assister à l'épilogue de ce rendez-vous historique. C'est finalement sous couvert d'un droit de réserve des plus pesants que les délégués auront quitté à l'anglaise la capitale, tard dans la soirée. La presse, friande de révélations en ce genre d'événements, est restée sur sa faim, en attendant que les délégués dépêchés sur Alger en réfèrent d'abord à l'interwilayas qui demeure souveraine quant à l'acceptation de tout ce qui ressort de ce round de dialogue avec les pouvoirs publics. Seul un communiqué austère, écrit à la hâte et bien entendu conclu par un immortel «Ulac smah ulac, le combat continue», a sanctionné les pourparlers gouvernement-archs. Cela dit, les quelques bribes de révélation recueillies sur place relèvent que la délégation de l'interwilayas, chargée de représenter le mouvement citoyen sur invitation des représentants de l'Etat, a eu à affronter un vis-à-vis en la personne d'Ouyahia des plus coriaces ; quoique sûrement instruit de «lâcher» du lest dans cette ultime étape concernant une crise qui n'a que trop duré. Aussi, les délégués, pour qui c'est le premier contact avec un officiel de la trempe d'Ouyahia, semblaient très soulagés de quitter le Palais du gouvernement avec, en poche, toutes les incidences satisfaites. La fatigue, qui se lisait sur les visages des membres de la délégation des archs, renseignait sur le caractère marathon de ce premier round, dont l'issue est décisive pour le maintien des contacts et pourquoi pas l'aboutissement de la plate-forme d'El-Kseur, portée par plus de 100 martyrs du Printemps noir. C'est ainsi que les onze délégués de l'interwilayas ont réussi leur mission et s'en vont rendre compte à leurs camarades des résultats du dialogue que d'aucuns estiment positifs. Le chef du gouvernement, un habitué de ce genre de rencontres, est paru, hier, très soulagé de voir ses vis-à-vis quitter Alger avec un air évident de satisfaction du devoir accompli. «Nous saluons l'esprit responsable et patriotique des délégués qui ont su mettre l'intérêt de la nation au-dessus de toute autre considération», a déclaré en substance le chef du gouvernement aux journalistes venu couvrir l'événement. Intervenu dans un climat politique, le moins que l'on puisse dire, détestable, cet accord constitue une évolution qualitative certaine de l'Algérie pour le règlement définitif de la crise.