Dans l'entretien que nous a accordé ce dernier, il reconnaît bien volontiers que cet apport pèsera lourd le 8 avril prochain. C'est désormais officiel. Ahmed Taleb Ibrahimi, dans une lettre adressée à ses militants et sympathisants, annonce officiellement son soutien actif, mais conditionné, à la candidature d'Ali Benflis, secrétaire général du FLN. Dans le même temps, un communiqué rendu public par le secrétaire général du mouvement Wafa, Mohamed Saïd, abonde dans le même sens. Dans sa lettre visant à expliquer la position du mouvement Wafa et de son leader, Taleb souligne avoir effectué des «consultations» avec les militants de son parti, mais aussi avec les animateurs de ses comités de soutien et des personnalités dont les noms ne sont pas cités. Il s'agissait, pour le mouvement, de réagir au mieux face à l'élimination «illégale et politique» dont a été victime Taleb. Ainsi, «l'avis général, (après deux jours éprouvants de travaux de la direction nationale de Wafa) a fini par écarter définitivement l'idée du boycott, à cause des aspects négatifs liés à cette option, pouvant servir grandement les tenants du pouvoir et de l'ordre établi». C'est tout naturellement, donc, que l'idée d'être présent au centre de ce scrutin et de cette campagne électorale a fini par déboucher sur la décision de «soutenir le candidat du FLN, Ali Benflis, dont le projet de société se rapproche le plus de celui du mouvement Wafa». Dans l'entretien que nous a accordé Benflis, paru dans ces colonnes, ce même jour, il admet avoir eu des entretiens avec Taleb. Sans qu'il eut été question explicitement de l'agrément de Wafa, le secrétaire général du FLN s'est engagé à garantir plus de liberté et de démocratie dans les activités des partis politiques et des médias, tant publics que privés. Dans sa lettre, Taleb, qui soumet les modalités pratiques liées à cet important soutien, exhorte ses militants et sympathisants, qui dépassent de loin un million de personnes, à «être à la hauteur de cette bataille décisive pour l'avenir de la nation». Il ajoute que «le combat est le leur et non pas celui du candidat Benflis et des militants de son parti (car, explique-t-il) ce qui compte pour moi, ce n'est pas l'accession aux postes et aux honneurs, mais seulement l'intérêt suprême de l'Algérie». Ainsi, ce dernier a-t-il nécessité une pareille alliance qu'est venue renforcer le Fna de Moussa Touati, au moment où l'on s'attend à de nouveaux ralliements de la part de candidats tels que Benbitour, Ghozali et même Benyellès. Cette annonce, il faut le dire, n'est pas dénuée de quelque amertume. Taleb, dans sa lettre, souligne ne pas ignorer que chacun de ceux à qui elle est adressée, «souhaitait que leur candidat soit sur le terrain afin que l'opinion publique soit témoin des énormes efforts consentis et acquis décrochés, qui font de Wafa une force politique incontournable, en dépit de toutes les pressions et interdits qu'elle a subis». Taleb, sur la lancée, ne manque pas de rappeler «la visite nocturne qui a visé le bureau où étaient entreposés les formulaires de signatures cautionnant sa candidature». Cette lettre, apprend-on, a pour objectif d'humaniser les rapports existant entre la direction et les militants et sympathisants de Wafa. Elle se fixe également pour objectif crucial de préserver la cohésion des rangs de cette formation politique. Dans son communiqué rendu public le même jour, le secrétaire général et porte-parole de Wafa, abonde largement dans le même sens. Mohamed Saïd, dans son communiqué, explique en effet, que «cette position est motivée par ce que le FLN incarne dans l'histoire et la lutte du peuple comme valeurs qui ont forgé sa victoire dans le combat pour la libération du pays, et par les points communs du programme de son candidat avec celui de Wafa». Sur ce point précis, le communiqué cite en vrac, «l'engagement clair à consolider le processus démocratique, à renforcer le pluralisme politique dans un Etat fort et juste...». La finalité, précise-t-on encore, étant d'arriver à édifier un «Etat dans lequel les institutions auront pour finalité ultime d'assurer l'égalité en droits et en devoirs de tous les citoyens et citoyennes».