Le salaire du médecin spécialiste ne dépasse pas actuellement les 30.000 DA. La tension va crescendo dans le secteur de la santé publique. La grève illimitée, entamée depuis avant-hier, à l'appel du Syndicat national des médecins spécialistes (Snpssp), risque bel et bien de prendre des proportions surdimensionnées. Les deux parties protagonistes de cet énième conflit qui resurgit dans le secteur de la santé publique, campent sur des positions diamétralement opposées. Le syndicat qui se félicite, d'ailleurs de la mobilisation, dès le premier jour, de la majorité (80%) des médecins spécialistes répartis à l'échelle nationale autour du mot d'ordre de grève illimitée, semble résolu à poursuivre sa contestation jusqu'à la satisfaction de ses revendications, notamment, la mise en application des dispositions transitoires d'intégration par le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. Les responsables du ministère ont opposé un niet catégorique à la demande du Snpssp en insistant sur «l'impossibilité légale d'intégration automatique sans passer par les concours». A l'heure où nous mettons sous presse, aucun contact n'a été établi entre les deux parties en conflit et ce, malgré que les hautes autorités du pays aient été saisies par les membres du Snpssp. «Les présidents de l'APN et du sénat ainsi que le chef du gouvernement et le chef de l'Etat ont tous été saisis par notre syndicat sur les raisons de la grève», a déclaré hier, le Dr.Yousfi lors d'une conférence de presse animée au siège du Snpssp à Alger. L'orateur s'est exprimé, d'emblée, sur «une volonté de semer la zizanie», manifestée, selon lui, «par le ministre de la Santé, M.Redjimi qui, en intervenant sur les ondes de la Chaîne III a versé dans une campagne de désinformation». Le Dr Yousfi a démenti les propos du ministre repris par ses collaborateurs et se rapportant notamment, aux salaires des médecins spécialistes «je vous assure que le salaire du médecin spécialiste qui était de l'ordre de 20.000 DA ne dépasse pas actuellement les 30.000 DA», a déclaré le Dr.Yousfi, président du Snpssp à l'intention des journalistes présents à cette conférence. Pour rappel, les responsables de la santé publique ont déjà indiqué que le salaire d'un médecin spécialiste est de l'ordre de 60.000 DA. D'autre part, un programme de sit-in est mis sur pied par le Snpssp dans le cadre du suivi de leur grève illimitée. «A partir de samedi, plusieurs sit-in seront organisés dans les principaux chefs-lieux de wilayas du pays», a encore déclaré, le conférencier. «Pour ce qui est d'Alger, dit-il, c'est le CHU de Bab El-Oued qui est choisi pour la tenue, samedi prochain, du premier sit-in.» «La réglementation nous permet de tenir des sit-in à l'intérieur des CHU et non pas dans la rue», a ajouté le Dr Yousfi. En outre, la pomme de discorde entre le Snpssp et les responsables de la santé publique est le contenu de l'accord signé le 13 novembre 2002 entre le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière et celui du Travail et de la Sécurité sociale. Selon les termes de cet accord, les autorités publiques se sont engagées sur la prise en charge des revendications du Snpssp relatives aux dispositions tran-sitoires d'intégration, l'augmentation de la prime d'encadrement et l'alignement de la prime de garde et de responsabilité par rapport aux hospitalo-universitaires. Le retard induit par les autorités publiques, quant à l'application de ces mesures contenues dans l'accord du 13 novembre 2002, a poussé les membres du Snpssp à recourir à cette grève. Pourtant, celle-ci aurait pu être évitée, car en date du 24 décembre dernier, M.Redjimi successeur de M.Aberkane à la tête du ministère de la Santé, s'est engagé personnellement, selon les propos du Dr Yousfi, à «une prise en charge rapide et effective des revendications du Snpssp». Néanmoins, jusqu'au jour d'aujour-d'hui, rien n'a été fait. Pis encore, en agissant ainsi, le Dr Yousfi pense qu'«il y a une volonté de la part des responsables de la tutelle de bloquer la carrière du médecin spécialiste». Enfin, le point principal du conflit entre les deux parties et qui se rapporte aux dispositions transitoires d'intégration, «ne coûte aux pouvoirs publics que la bagatelle de 800 millions de centimes», a conclu le Dr Yousfi.