Une coordination s'impose Tunisiens et Libyens n'ont d'autre choix que celui de surveiller leurs islamistes pour empêcher des incursions en Algérie. Les relations entre l'Algérie et ses voisins, la Libye et la Tunisie, risquent de se dégrader sérieusement si rien n'est fait de leur côté pour sécuriser leurs frontières et empêcher leurs ressortissants de participer à des actions terroristes sur son territoire ou si un soutien logistique est fourni. L'Algérie pourrait même faire valoir le droit de poursuite afin de traquer les terroristes qui prennent l'un des pays frontaliers comme base d'attaque ou de leur planification. Il est vrai que depuis l'arrivée d'Ennahda au pouvoir en Tunisie, les salafistes et les terroristes se sont adonnés à un discours belliqueux et à des actions violentes qui suscitent de l'inquiétude. Le gouvernement d'Ennahda n'est d'ailleurs pas monté au créneau pour dénoncer l'acte terroriste d'In Amenas laissant le soin au président Merzouki d'exprimer sa solidarité avec l'Algérie. Le fait que onze des terroristes soient de nationalité tunisienne et qu'ils aient transité par le territoire libyen suscite des interrogations sur la capacité de ces deux pays à surveiller les réseaux terroristes et à réduire leur mouvement. Même dans le cas où les Tunisiens auraient pu disposer d'informations sur les éléments endoctrinés, entraînés et prêts à passer à l'acte, il est à se demander pourquoi les autorités algériennes n'ont pas eu à partager ces renseignements. Les mêmes interrogations se posent pour le cas libyen. Il est établi que le commando qui a mené la prise d'otages sur le site gazier a bénéficié d'une aide logistique d'islamistes en Libye, où on assiste à une montée en puissance des extrémistes depuis la chute du régime de Mouammar El Gueddafi. L'indication provient d'une source proche des groupes extrémistes en Libye sous couvert de l'anonymat qui n'a pas précisé la nature de cette aide. Des médias internationaux ont pu se procurer des numéros de téléphone de ravisseurs, fournis par les Libyens. Les ravisseurs étaient entrés en Algérie depuis la Libye. Les véhicules, les tenues et les armes utilisées par les assaillants seraient aussi venus de Libye. Dans ce pays, les forces chargées de la surveillance des frontières sont dirigées par des radicaux comme Al-Seddik al-Obeidi, ancien vice-ministre de la Défense et fondateur du Groupe islamique libyen pour le combat proche d'Aqmi. Obeidi a quitté son poste samedi dernier. Visiblement gênés par ces incursions et ces connexions, des responsables libyens n'ont pas trouvé mieux que de relayer les propos du Premier ministre Ali Zidane qui avait démenti que les ravisseurs soient partis de Libye, affirmant que le territoire libyen ne servira pas de point de départ d'opérations qui menacent la sécurité des pays voisins. Pourtant, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a affirmé que le commando a bien transité par la Libye. Le commando a pénétré en Algérie depuis le triangle du Salvador, un no man's land du désert où se rejoignent les frontières de la Libye, de l'Algérie et du Niger. La montée en puissance de groupes radicaux libyens a été illustrée par l'attaque du 11 septembre 2012 contre le consulat américain à Benghazi qui a coûté la vie à l'ambassadeur des Etats-Unis, Chris Stevens. Les extrémistes libyens ont aussi une présence au nord du Mali et ont contribué à y acheminer les armes depuis la Libye. Dans sa conférence de presse d'avant-hier, Sellal a réitéré son intention de continuer à sécuriser les frontières. L'Algérie a participé à une rencontre à Ghadamès avec les Libyens et les Tunisiens pour étudier les moyens de sécuriser les frontières mais les résultats se font toujours attendre. A Ghadamès, Sellal a appelé à la fermeté à l'égard de la propagation et la circulation des armes. Les effets de la crise malienne sont aussi évoqués. Il a affirmé que la crise malienne aura un impact direct sur la région, mettant en garde contre la circulation des armes. Il ne s'agit pas d'une simple affaire de terrorisme mais de crime organisé où sont utilisés les stupéfiants et le blanchiment d'argent nécessitant un traitement plus approfondi de cette affaire, disait-il. Les mises en garde peuvent avoir des chances d'être prises en considération par les voisins. Le chef de l'Etat tunisien Moncef Marzouki et le président du Sénat, Abdelkader Bensalah, ont discuté hier de la nécessité d'une stratégie commune de lutte contre les groupes armés extrémistes. Ils ont étudié les derniers développements au Mali et les mécanismes de coordination pour lutter contre leurs répercussions, notamment la propagation des groupes extrémistes et l'exacerbation du trafic d'armes qui imposent aux pays de la région, une stratégie claire pour relever ces défis sécuritaires, indique la présidence tunisienne. La rencontre a eu lieu en Arabie Saoudite où les deux hommes participent à un sommet économique régional.