Un dernier adieu a été rendu à ce grand artiste, hier, à la radio nationale, avant d'être inhumé au cimetière d'El-Alia. Ils étaient tous là, amis et proches, mais aussi ses anciens élèves, artistes de l'ancienne comme de la nouvelle génération qui ont eu pour maître, le grand auteur et compositeur de talent Maâti Bachir qui fut aussi le chef d'orchestre de cette inoubliable émission radio-télé Alhane oua chabab qui a vu éclore de nombreuses vedettes, lesquelles sont venues aujourd'hui, lui rendre un ultime au revoir avant ce voyage vers l'éternel. Mais voilà, les grands ne meurent pas. Et Maâti Bachir faisait partie des artistes de cette trempe là. Entré dans la postérité, grâce à ses innombrables chansons. On dénombre, en effet, plus de 400 compositions et pas des moindres faisant de lui un des artistes les plus prolifiques et laborieux de son époque. Seloua, Nardjess, Boualem Chaker, Djamel Allam, Djalti, Drifa, mais aussi des comédiens comme Larbi Zekal, Farida Saboundji, Chérifa et tous ceux qui l'ont connu de près ou de loin, sont venus lui dire adieu avant de partir à El-Alia. Car, ils forment un peu la même famille finalement, celle des artistes dont certains ont connu les mêmes affres et vicissitudes de la vie d'artiste. Même si certains ont pu s'en sortir et d'autres non...mais pour l'heure, c'est les retrouvailles. Triste circonstance de retrouvailles. Des artistes dont certains ont, depuis fort longtemps, quitté l'Algérie pour la France, ont eu tout de même, l'obligeance de rentrer, le temps d'un au revoir. La veille donc, les amis et proches du défunt Maâti Bachir étaient tous présents, vendredi au salon d'honneur de l'aéroport international Houari-Boumediene pour accueillir la dépouille du défunt. Ils évoquaient les grandes qualités de l'artiste, ses ambitions et son amour pour le travail. Certains diront qu'il lui arrivait souvent de perdre connaissance, puis il reprenait conscience et continuait son travail normalement. «Il faisait semblant de dormir, alors on le laissait seul un moment,» dira Kechoud. On évoquait aussi, tout l'intérêt et la bienveil-lance qu'il ac-cordait aux artistes d'Al-hane oua chabab avant de voler de leurs propres ailes dans le monde de la chanson. Certains d'entre eux étaient là, hier. Décédé à 61 ans, à l'hôpital Bichat à Paris, sa dépouille mortelle est arrivée vendredi après-midi à Alger, où l'attendaient outre sa fa-mille, nombre de ses amis et la ministre de la Culture et de la Communication, Mme Khalida Toumi. La dépouille de Maâti Bachir de son vrai nom, M'barki Bachir, a été transférée de l'aéroport à son domicile sis à Bab El-Oued, hier, elle a été ainsi exposée à l'Enrs devant une foule de gens dont la ministre de la Communication et de la Culture, Khalida Toumi, très affectée par la disparition de Maâti Bachir, qu'elle qualifiera de «monument de la chanson algérienne». Emue jusqu'aux larmes, et malgré des lunettes noires pour cacher ses yeux embués, Khalida Toumi a déclaré «avoir honte de mes larmes, parce que Maâti Bachir était un exemple, non seulement en tant que musicien, mais aussi en tant qu'humain. Malgré sa cécité, il éclairait les gens et les artistes. C'était un monument qui a laissé un patrimoine colossal dont nous devons être dignes». La chanteuse Nardjess a, quant à elle, mis l'accent sur la générosité de l'artiste, «c'était un homme extraordinaire de par sa gentillesse. Il était toujours à l'écoute des autres. C'était un grand frère pour nous et pour moi. On a commencé avec lui, il y a de cela 30 ans. C'est lui qui nous a fait découvrir au public...» Pour sa part, Seloua venue de Paris a souligné toute l'amitié qui la liait à Maâti Bachir. «Il était un ami de très longue date, nous avons longtemps travaillé ensemble et produit énormément. C'était un frère qui faisait partie de notre famille. Aujourd'hui, il est parti, l'Algérie a perdu un grand homme. Je ne sais pas si quelqu'un pourra à l'avenir le remplacer. Cela m'étonnerait. Je suis sceptique là-dessus», a confié Seloua. Ancien directeur général de la radio et l'initiateur de l'émission Elhan oua chabab, Lamine Bechichi a mis l'accent sur les qualités artistiques de Maâti Bachir, autodidacte qui a eu le mérite de s'être formé lui-même : «Après Boudjemia Merzak, après Abdelouahab Salim, la scène artistique perd un élément important qui était un des repères de la musique folklorique et authentique de l'Algérie».