Morbide fut cette semaine pour le monde de la Culture algérienne qui a vu successivement disparaître, Ali Khodja, miniaturiste, Abdelmalek Imansouren, chanteur chaâbi et Nadia Karabache, comédienne et chanteuse oranaise. Ali-Khodja, qui s'était éteint dimanche dernier à Alger à l'age de 87 ans, était le doyen des artistes peintres et miniaturistes algériens. Neveu du grand miniaturiste Mohamed Racim, qui fut son maître, il a exposé pour la première fois en 1946, remportant le Prix de la ville d'Alger. Il a enseigné jusqu'en 1996 à l'École supérieure des Beaux-Arts d'Alger, où il a formé beaucoup d'artistes plasticiens. Après un ultime hommage rendu par ses pairs au palais de la Culture, il a été inhumé lundi, près du mausolée de Sidi Abderrahmane, le Saint patron de la ville d'Alger. Terrassé par une crise cardiaque, Abdelmalek Imansouren, a été inhumé le lendemain, lundi, au cimetière d'El Madania à Alger en présence d'une foule nombreuse. Le défunt avait à peine 55 ans. L'artiste avait une manière propre à lui de conter la geste et les hauts faits des prophètes. Co-auteur avec le poète Ahmed Berrar de la chanson "Sidna Youcef" inspirée du terroir, il interprète avec brio ces "qacidate" très prisées dans les milieux populaires. L'artiste excellait donc dans l'interprétation des chansons à thématique religieuse quoiqu'il débute très jeune à chanter le genre "hindou". Mais il a dû attendre son passage en 1980 à l'émission "Alhane oua Chabab" de la télévision algérienne pour voir sa carrière artistique amorcée. Son interprétation de "Galou Laârab Galou" ne passe pas inaperçue. Trois années après, on entendra encore parler de lui, grâce à "Qesset el ghouleme", titre d'une cassette audio qu'il avait sortie aux éditions "Saout El Andalib". S'il obtient un succès fou, Abdelmalek Imansouren s'est attelé toutefois à perfectionner son art. Il intègre, à cet effet, l'Association "El Fen oua El-Adeb" où il actualise ses connaissances en andalou. Fan à ses heures de Abderrezak Bouguettaya, puisqu'il avait repris quelques-uns de ses titres dont "Ayni cheft fi el djamaâ" et "Dar el soltane", il chantait également en kabyle. Pendant la décennie noire, le chanteur s'était éclipsé; il réapparaît sur la scène ces dernières années avec nombre de projets d'enregistrement avec de jeunes chanteurs. Lui-même devint éditeur; ses amis le décrivent comme un homme discret et honnête vivant entièrement de son travail alors qu'il avait une famille nombreuse à sa charge. Nadia Karabache qui a depuis longtemps quitté la scène artistique s'en est allée sur la pointe des pieds, ce lundi à l'âge de 72 ans à Alger. Elle a été enterrée mardi au cimetière de Bologhine sous une pluie torrentielle. Avec sa voix chaude, celle de son Orient natal, Nadia qui est originaire de Syrie, a laissé dans le répertoire musical algérien plusieurs titres. Certains avaient été de véritables succès dans les années 1970 et 1980, comme Ya Delal, Enta laâbet laâba, Hakda bghali sâadi, Mazalni maâk, Shabet Seif, Dhabet Echamaâ, etc. Le parolier Mohamed Lahbib Hachelaf lui a donné plusieurs de ses précieux textes. Elle a aussi fait comme tous les artistes de son époque du théâtre- radio. Productrice à la chaîne I de la Radio nationale, Nadia a animé des émissions pendant plus de 20 ans. Khalida Toumi la ministre de la Culture leur a respectivement rendu un vibrant hommage posthume.