Le Premier ministre jordanien Abdallah Nsour a présenté hier la démission de son gouvernement au roi Abdallah II, suite aux élections législatives du 23 janvier, boycottées par l'opposition, selon un communiqué du palais royal. «Nsour a présenté à sa majesté la démission du gouvernement», a indiqué le palais. «Le roi a demandé au gouvernement d'assumer sa charge jusqu'à la formation d'un nouveau cabinet, qui aura lieu après consultation des députés», a-t-il ajouté. En vertu de la Constitution, le gouvernement démissionne généralement après les élections. Le roi avait désigné le 10 octobre M.Nsour, un vétéran de la politique jordanienne, comme Premier ministre. Les législatives, boycottées par les Frères musulmans, principale force d'opposition dans le pays, ont été remportées par des dirigeants tribaux, des personnalités proches du régime et des hommes d'affaires indépendants. Le roi, actuellement en visite à Bahreïn, a salué hier le déroulement du scrutin et remercié les Jordaniens pour leur participation, en promettant de poursuivre les réformes démocratiques et en tendant la main notamment aux Frères musulmans. «Le succès de nos réformes est basé sur une approche démocratique, construite sur l'interaction et la participation de tous les Jordaniens au processus», a-t-il dit dans une lettre adressée à la nation. «Le nouveau Parlement doit affronter les défis nationaux à travers un dialogue durable avec tous les pouvoirs politiques et sociaux», a-t-il ajouté. Le roi avait souhaité que le scrutin ouvre la voie à un système parlementaire, indiquant qu'il comptait pour la première fois consulter le Parlement avant de nommer le chef du gouvernement. Mais les Frères musulmans exigent que ce dernier ne soit plus nommé par le roi, mais issu de la majorité parlementaire. Ils ont mis en doute le taux de participation annoncé (56%) et fait état de fraudes. «La balle est désormais dans le camp du régime. Nous soutenons le dialogue avec les décideurs, mais il doit être productif et sérieux», a déclaré hier Hamzeh Mansour, chef du Front d'action islamique, le bras politique des Frères. «Nous ne ferons pas partie du nouveau gouvernement. Mais si c'est un gouvernement de salut national, nous étudierons peut-être la question plus tard», a-t-il précisé lors d'une conférence de presse.