D'importantes grèves et manifestations ont eu lieu en Jordanie, après une nuit marquée par des protestations ayant dégénéré en violences. Tout a commencé après l'augmentation des prix du carburant, fustigée par l'opposition notamment islamiste. La Jordanie est touchée depuis janvier 2011 par des manifestations, régulières appelant à des réformes politiques et économiques. Les soubresauts liés au printemps arabe n'ont pas gagné ce pays voisin de la Syrie mais, depuis, une tension est perceptible dans la vie politique jordanienne. Le mouvement de contestation survient surtout alors que des élections législatives sont prévues le 23 janvier. Un scrutin boycotté par les Frères musulmans, principale force politique de l'opposition. Cette soudaine augmentation des prix, annoncée mardi par le gouvernement a promptement suscité la condamnation de la confrérie qui a haussé le ton mettant en garde contre un mouvement de «désobéissance civile». Hier, les mouvements de débrayage ont touché plusieurs régions du pays. Environ la moitié des 120 000 professeurs des écoles publiques ont fait grève, affectant au moins 2 000 écoles dans le pays. Des avocats ont cessé le travail à Amman alors que d'autres syndicats annonçaient une action similaire, et des groupes de jeunes et certains partis politiques ont manifesté dans plusieurs villes du royaume. C'est à Amman que les manifestations les plus dures ont eu lieu. Les islamistes ont indiqué qu'ils prévoyaient de manifester près du ministère de l'Intérieur, sur la place Gamal Abdel Nasser, où 24 personnes avaient été arrêtées mardi après une manifestation ayant réuni plus de 2 000 personnes. La veille, la police a fait usage de gaz lacrymogène et de canons à eau pour disperser une manifestation devant la maison du Premier ministre Abdallah Nsour à Salt, sa ville natale, ainsi que dans d'autres villes du pays. Les manifestants ont demandé la démission du gouvernement, formé il y a un peu plus d'un mois. Le numéro deux des Frères musulmans, Zaki Bani Rsheid, a qualifié la nouvelle mesure du gouvernement de «la plus dangereuse depuis dix ans». Le frère musulman a parlé d'un «coup sévère pour les élections» conjecturant sur les difficultés dans lesquelles pourrait se dérouler le prochain rendez-vous électoral. Les Frères musulmans ont décidé de boycotter le scrutin exigeant au préalable la révision du système électoral en vigueur. Ce dernier privilégie, selon eux, les régions rurales, considérées comme loyales au gouvernement, dont les partisans dominent le Parlement. L'opposition islamiste réclame aussi un système parlementaire dans lequel le Premier ministre serait issu de la majorité du Parlement et non plus nommé par le roi. M. B. /Agences