24% des hospitalisations dans le service des urgences du centre hospitalo-universitaire de Lamine Debaghine (Bab El Ouad) sont dues à l'ingestion de produits caustiques causant des séquelles irréversibles du système digestif, a indiqué mercredi à Alger, le Pr Djamel Benaibouche, du service de chirurgie général du même CHU. «L'ingestion volontaire ou accidentelle de produits caustiques représente 24% des admissions au service des urgences du CHU de Lamine Debaghine et ont des conséquences graves sur le système digestif », a précisé le Pr Benaibouche, lors d'une conférence de presse sur l'ingestion de produits caustiques, organisée par le centre de presse du quotidien DK News. Les produits caustiques sont des produits hétérogènes acides, basiques ou oxydants, utilisés dans l'industrie ou à domicile dans le décapage et le nettoyage (eau de Javel, Esprit de sel, le Grésil,...). La consommation de ces produits peut avoir des conséquences dramatiques soit fonctionnelles, vitales ou psychologiques, a souligné le conférencier, précisant que les victimes sont hospitalisées au minimum trois semaines. Le Pr Benaibouche a expliqué que les personnes intoxiquées ne peuvent pas s'alimenter par voie orale pendant plusieurs semaines et se nourrissent que par un tuyau placé dans l'intestin. La prise de ces liquides dangereux est soit accidentelle, lorsque les consommateurs versent ces produits dans des récipients ménagers et les consomment fortuitement, ou bien volontaire, dans une visée suicidaire. Pour les suicides, la population la plus touchée par ce fléau de santé publique sont les jeunes adultes âgés entre 16 et 30 ans et les raisons du passage à l'acte sont souvent liées à des problèmes socio-économiques ou à des raisons sentimentales. Le Pr Benaibouche a rappelé qu'il ne fallait jamais forcer la victime à vomir le produit, à ne jamais s'alimenter après la prise du liquide et ne pas introduire de sonde gastrique en vue d'un lavage de l'estomac. Il a, à ce sujet, mentionné que contrairement aux produits toxiques (barbituriques), les produits caustiques n'ont pas d'antidotes et les lésions concernent uniquement l'appareil digestif sans se propager dans la circulation générale. La grande majorité des patients présentent des lésions superficielles du tractus digestif, a indiqué le Pr Benaibouche, expliquant que si les lésions s'aggravaient, l'œsophage se rétrécissait et les spécialistes doivent recourir à des dilatations de ce dernier et envisager dans certains cas l'ablation de l'estomac. L'aggravation des cas des patients dépend généralement de la quantité et la concentration du liquide avalé et du délai de l'intervention médicale et de sa prise en charge. S'agissant du suivi psychologique, l'intervenant à fait savoir qu'après le passage aux urgences et l'observation médicale, les patients étaient dirigés vers des services de psychologie et de psychiatrie où ils entamaient une thérapie cognitivo-comportementale. D'après ce spécialiste, les cas de récidive après la première tentative de suicide sont rares étant donné que ce moyen de suicide s'avère vain et la que situation se compliquait davantage. Le Pr Benaibouche a appelé à une meilleure vigilance dans l'utilisation des détergents et décapants, à la réglementation de leurs ventes et à un étiquetage plus claire et visible sur les emballages.