Invité à cette émission hebdomadaire, présentée par Ghania Oukazi et diffusée hier sur l'ENTV, il n'a pas manqué de désigner les dossiers chauds occupant le devant de la scène politique nationale et internationale. Le premier sujet abordé a trait à la situation sécuritaire qui prévaut dans le pays. Pour M.Zerhouni, la recrudescence des actes terroristes à travers quelques régions notamment au Centre, traduit une baisse de vigilance citoyenne, mais aussi chez les corps de la police et de la Gendarmerie nationale, «du moment que le spectre des actes terroristes devenait lointain». Il n'est pas allé par quatre chemins pour déclarer la guerre aux terroristes optant toujours pour la violence, malgré l'instauration de la loi sur la concorde civile. Dans ce sens, il les a appelés au «suicide ou à la reddition aux autorités». Selon les chiffres de M.Zerhouni, il ne reste, à l'heure actuelle, que «trois à quatre cents terroristes armés sur le territoire national», ces derniers sont soutenus par 570 autres sans armes. Par ailleurs, 20.000 terroristes ont été abattus ou arrêtés par les services de sécurité depuis 1991. Ce constat, fait par le ministre de l'Intérieur, ouvre le champ à plusieurs interrogations. Par exemple, sur quels critères le ministre s'est-il basé pour donner les chiffres des terroristes en activité? A-t-il pris en considération les terroristes activant à l'étranger? Ceux qui ont rejoint le maquis après ladite loi? Doit-on comprendre par-là que le terro-risme ne constitue plus un danger réel pour notre pays? La dernière décennie nous a appris à prendre avec prudence, les chiffres avancés par les politiciens concernant la situation sécuritaire. On se souvient que lors des débats ouverts à l'APN en 1999, Ouyahia, alors Premier ministre parlait de 26.000 morts, alors que quelques mois après, le Président Bouteflika avançait le chiffre de 100.000 morts dans une conférence de presse. Les chiffres de Zerhouni rentrent-ils dans cette même campagne de dédramatisation de la violence en Algérie? Sur le plan international, le ministre estime que les pays européens regardent autrement ce qui se passe en Algérie depuis les attentats du World Trade Center, «notre pays est sollicité et consulté», dans le cadre de la stratégie mondiale de lutte contre le terrorisme. A ce sujet, l'Algérie a toujours mis en garde ses partenaires contre l'amalgame entre l'Islam et le terrorisme et entre ce dernier et les pays arabes. Il a aussi estimé que les attaques contre l'Afghanistan ne feront pas avancer les choses. C'est le premier officiel algérien à avoir pris cette position, sachant, qu'officiellement, l'Algérie, par la voie de son Président, soutient les positions américaines dans cette région. En abordant les événements de Kabylie, M.Zerhouni estime que les ârchs sont devenus un vrai interlocuteur, se substituant ainsi aux partis politiques activant dans la région. Il les a appelés, par ailleurs, à oeuvrer pour le dialogue afin de débattre les revendications acceptables, comme la «constitutionalisation» de tamazight et les citoyens à isoler les groupes extrémistes, qui font barrage à toute tentative de rapprochement entre les pouvoirs et les ârchs. Il a ainsi jeté la balle dans le camp des Kabyles. Concernant la corruption, il a tenu à relativiser les choses en indiquant que sur les 15.000 élus locaux, seuls 500 ont des problèmes avec la justice. Cela, a-t-il ajouté, donne une moyenne de 2,5% de l'ensemble, ce qui représente un taux très faible par rapport à ce qui se passe ailleurs.