Evasif, le ministre des Finances a abordé le dossier de la corruption du bout des lèvres. Décidément, les privatisations n'ont plu le vent en poupe. Après le recul affiché par les pouvoirs publics sur l'option des privatisations tous azimuts, voilà que le ministre des Finances apprend aux Algériens que ces privatisations ne sont même pas rentables. Les sommes rapportées par les opérations de privatisation au Trésor public sont dérisoires. «Les privatisations ont engrangé aux caisses de l'Etat quelque chose comme 100 milliards de dinars», a déclaré, hier, à la télévision, le ministre des Finances. 400 opérations de privatisation ont été concrétisées depuis le lancement réel de l'opération en 2003. Ainsi, comparés au budget colossal alloué pour les programmes de développement engagés par l'Etat -10.000 milliards de dinars-, les apports des privatisations sont insignifiants, selon le ministre des Finances, Mourad Medelci. «Ce chiffre est sous-évalué et de toutes les façons, la privatisation n'a pas pour objectif de gagner de l'argent. Elle vise la rentabilité et la bonne gestion de ces entreprises», a précisé M.Medelci qui s'exprimait devant les journalistes au forum hebdomadaire de l'Entv. Acculé par les journalistes à s'exprimer sur le dossier de la corruption, M.Medelci s'est montré extrêmement gêné. Evasif, il n'a abordé le sujet que du bout des lèvres, laissant ainsi, sur leur faim, les téléspectateurs qui attendaient quelques révélations. «N'attendez surtout pas des révélations de ma part sur ce sujet; je ne les ferai pas car je n'ai pas de dossiers», a-t-il dit. A défaut donc d'autres révélations, M.Medelci calme le jeu et fait remarquer que la majorité des économies en transition subissent, forcément, ce genre de pratiques délictueuses: «Les problèmes que nous rencontrons, actuellement, ne sont pas spécifiques à l'Algérie ils caractérisent tous les pays qui passent d'un système de gestion à un autre.» Pour traiter cette situation, le gouvernement a mis en place, en plus des actions de la justice, un dispositif nécessaire pour une réorganisation profonde des institutions bancaires pour limiter la délinquance financière. Il en veut, pour preuve, l'exécution effective du mandat d'arrêt international émis par la justice pour l'extradition, du Maroc, de trois Algériens impliqués dans l'affaire du détournement des 20 milliards de dinars de la BNA. «Etes-vous capable de rendre publiques des listes de personnes et d'entreprises impliquées dans la corruption?» interroge un confrère qui avance le chiffre ahurissant de 19 milliards de dollars qui se seraient évaporés dans des actes de corruption. Le bouclier est vite trouvé et le ministre des Finances réplique: «Les listes existent et sont déjà au niveau de la justice et c'est à elle de s'en occuper», «pour le reste, ajoute-t-il, je n'ai pas de dossiers de corruption, je suis responsable de ce que je dis et si j'en avais je les remettrais aux institutions compétentes». M.Medelci va même jusqu'à inviter les citoyens à présenter les dossiers de corruption s'ils en ont. «Si un citoyens a des dossiers, il n'a qu'à les ramener et ils seront étudiés suivant les lois de la République». Par ailleurs, l'invité de la télévision a indiqué que le stock de la dette extérieure de l'Algérie est tombé à 4,7 milliards de dollars dont 700 millions de dollars, seulement, représentent la dette externe de l'Etat. «Sur les 4,7 milliards de dollars seuls 700 millions de dollars correspondant à la dette de l'Etat» a souligné le ministre.