Cette émission, qui accueille les politiques indésirables d'antan, c'est «Ousboue El-Djazaïr». Depuis l'annonce de la date des élections législatives, on enregistre une graduelle, mais objective ouverture du champ médiatique à l'opposition. C'est devenue une tradition. A l'approche de chaque échéance électorale, on ouvre la télévision nationale, considérée comme la vitrine teintée du pouvoir, à l'expression plurielle et pluraliste. Conscients qu'ils servent une politique tracée pour les législatives, les partis de l'opposition profitent de cette aubaine «cathodique» pour faire passer le plus de messages politiques au peuple. Le FFS et El-Islah, qui étaient bannis du champ audiovisuel, sont devenus aujourd'hui, au gré des événements, les chouchous, voire les stars des producteurs et des animateurs de l'Unique, qui croisent les doigts en souhaitant qu'ils acceptent de venir à leur émission. Cette émission, qui accueille les politiques indésirables d'antan, c'est «Ousboue El-Djazaïr», de Nadir Boukabes. Une émission calquée dans le fond et dans la forme sur l'émission de TF1 «Sept sur Sept», qui aujourd'hui, a disparu pour laisser place à «Sept à huit» avec cette fois un couple dans la vie et sur le plateau Laurence Ferrari et Thomas Hugues. Mais pour cette émission qui a comme fond d'écran une vue d'Alger la nuit, captée du balcon de Saint Raphaël, un procédé aussi «copier coller» sur l'émission d'Anne Sinclair où, contrairement à l'ENTV, l'image n'est pas fixe, mais bien mobile avec les lumières de Paris. «Ousboue El-Djazaïr» a surtout le mérite d'être présentée par une journaliste, ayant fait ses classes dans la presse écrite «indépendante». En débarquant comme principale vedette de cette émission politique de grande audience, Ghania Oukazi - qui ne maîtrise pas le langage cacique de l'Unique - a fait des jaloux, mais surtout des jalouses à l'Entv. Gardant ses réflexes de journaliste critique et surtout n'obéissant pas toujours aux ordres envoyés par l'oreillette, Ghania Oukazi s'est forgé une place importante dans le paysage audiovisuel de la télévision souvent critiquée pour son manque d'initiative personnelle. Débattant comme à une tribune d'explication du programme du gouvernement, l'ex-journaliste du quotidien El Watan, aujourd'hui, spécialiste des questions économiques au Quotidien d'Oran, s'est surtout illustrée, en menant le «débat» dur au ministre des P et T et à celui de la Solidarité. Avec l'arrivée constante des chefs de parti sur son plateau, l'émission jadis suivie pour son caractère plutôt économique, devient peu à peu politisée et nous rappelle le bon vieux temps de l'émission «Face à la presse» où les dirigeants des principaux partis politiques avaient fait leur baptême du feu médiatique. Après Louisa Hanoune et Abdallah Djaballah où Ghania Oukazi n'avait pas réussi à imposer son rythme face à deux cylindrées de la scène politique, ven- dredi prochain, elle aura fort à faire avec le premier secrétaire du FFS Ahmed Djeddaï, considéré par les spécialistes comme «un trouble-fête» de la communication. Car, à chaque fois qu'une occasion lui est accordée pour parler, il trouve l'opportunité de faire passer des messages politiques de l'opposition. Quoi qu'il en soit, cette ouverture médiatique est calculée sur un programme électoral bien précis et on voit mal Saïd Sadi se faire inviter sur le plateau pour expliquer les raisons de son boycott.