Le conflit opposant les médecins spécialistes de la santé publique à leur tutelle est loin de connaître son épilogue. Le syndicat gréviste affiche, on ne plus clairement, sa détermination d'inscrire dans le temps son mouvement de contestation. Mieux encore, le Syndicat des médecins spécialistes de la santé publique (Snpssp) que préside le Dr Yousfi, consolide sa grève par d'autres actions de protestation, à l'image du sit-in tenu, hier, au CHU de Bab El-Oued (Alger). Cette action, qui se voulait plus une manière de démontrer aux pouvoirs publics la mobilisation des médecins spécialistes autour du mot d'ordre de grève, a drainé effectivement toute la catégorie exerçant cette profession au CHU de Bab El-Oued. D'ailleurs, le choix de ce CHU pour la tenue du premier sit-in de grève n'est guère fortuit, étant donné que le DG de cet hôpital est, selon le Dr Yousfi, «l'un des relais du ministère de la Santé publique». Ceci prouve à quel point les membres du Syndicat des médecins spécialistes se sentent réellement lésés par leur tutelle. Ceux d'entre eux qui ont assisté au sit-in d'hier, n'ont cessé de répéter les mots de «transgression» et de «discrimination» pour décrire l'attitude réservée par les responsables de la santé publique à l'égard de leurs revendications pourtant légitimes, voire même acquises. Du moins, celles-ci ont fait l'objet d'un accord signé par les autorités publiques le 13 novembre 2002, lui-même, (l'accord Ndlr) résultat d'une grève de plusieurs mois à laquelle a appelé le Snpssp. Ce qui a fait dire au Dr Yousfi: «On a gelé la grève pour négocier nos revendications avec la tutelle qui s'est engagée à une prise en charge et voilà qu'on reprend la grève pour aboutir à la concrétisation de cet engagement.» Le Dr Yousfi qui a improvisé un point de presse qui a succédé au sit-in, où il a exhibé une copie du Journal officiel datant du 6 décembre 1989 où sont inscrites, noir sur blanc, les revendications actuelles du Snpssp, notamment, l'article 29 relatif aux dispositions transitoires d'intégration. «Lutter contre la discrimination, c'est le but de notre action», a déclaré le Dr.Yousfi comme pour dire que la légitimité des revendications n'est pas du tout à remettre en cause. L'accord du 13 novembre 2002 vise, selon lui, à «réhabiliter les médecins spécialistes et à diminuer l'écart criard qui existe entre cette catégorie et celle des hospitalo-universitaires». Cet accord est scindé en deux parties, poursuit le Dr.Yousfi, «une première partie à régler dans l'immédiat et une deuxième dans le moyen terme (6 mois)», dit-il. La première partie dite «mesures d'urgence», inclut l'application des dispositions transitoires d'intégration, l'augmentation de la prime de responsabilité et l'alignement au même niveau de la prime de grade avec les hospitalo-universitaires. D'où la signature, vendredi dernier, par le chef du gouvernement, de deux décrets exécutifs instituant la revalorisation des indemnités des médecins spécialistes n'est que «de la poudre aux yeux», selon le Dr Yousfi qui dit que cette augmentation est une consécration du Pr.Aberkane, ex-ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. Quant à l'actuel ministre, M.Redjimi, le Syndicat national des praticiens spécialistes rejette sa demande de dialogue et l'invite à «un débat transparent devant la presse» pour lui indiquer que ses revendications ne sont plus négociables et nécessitent une application sur le terrain, faute de quoi la grève se poursuivra jusqu'à son aboutissement.