Deux nouveaux décès ont été signalés hier lors d'affrontements entre manifestants et policiers près de la place Tahrir au Caire, portant le bilan des violences à travers le pays, qui ont commencé jeudi soir, à 54 morts. Des dirigeants de la principale coalition de l'opposition égyptienne ont appelé hier à une réunion d'urgence avec le pouvoir, laissant entrevoir un possible dialogue alors que le pays est plongé dans une nouvelle crise marquée par une vague de violences meurtrières. Deux nouveaux décès ont été signalés hier lors d'affrontements entre manifestants et policiers près de la place Tahrir au Caire, portant le bilan des violences à travers le pays, qui ont commencé jeudi soir, à 54 morts. Le président islamiste Mohamed Morsi, cible de la colère de nombreux manifestants, a décrété l'état d'urgence et un couvre-feu dans trois provinces longeant le canal de Suez, théâtre des violences les plus meurtrières. Depuis son instauration, le couvre-feu a systématiquement été bafoué à Port-Saïd, Suez et Ismaïliya. Dimanche soir, M.Morsi avait aussi appelé à un dialogue national, rejeté par la principale coalition de l'opposition, le Front du salut national (FSN), qui l'avait qualifié de «vide de sens» et «de façade». Mais le coordinateur du FSN, Mohamed El Baradei, a infléchi sa position hier en appelant à une réunion d'urgence avec M.Morsi, sa formation le Parti de la Liberté et de la Justice (PLJ, islamiste), les ministres de l'Intérieur et de la Défense ainsi que le courant salafiste, dont un représentant s'est improvisé médiateur. «L'arrêt de la violence est la priorité», a-t-il ajouté dans un tweet, tout en conditionnant la participation à un «dialogue sérieux» et à des garanties au premier rang desquelles «la formation d'un gouvernement de salut national et une commission pour amender la Constitution». L'ancien chef de la Ligue arabe Amr Moussa, autre figure de proue du FSN, a lui aussi estimé dans un communiqué que «la grave situation actuelle» nécessitait d'accepter un dialogue, dans le cadre toutefois des demandes du FSN, afin de «stopper la confrontation et la violence». Des dirigeants du FSN devaient se réunir dans l'après-midi avec des représentants du principal parti conservateur salafiste, Al-Nour, qui les a invités à parler de «la détérioration de la situation». L'armée égyptienne avait mis en garde mardi contre un «effondrement de l'Etat» en cas de poursuite des violences, appelant «toutes les forces politiques» à trouver une issue aux «problèmes politiques, économiques, sociaux et de sécurité». «Nous cherchons un moyen de sortir de cette (crise) car nous sommes extrêmement préoccupés», a dit le porte-parole du parti Al-Dostour de M.El Baradei, Khaled Dawoud, membre du FSN. M.Dawoud n'a toutefois pas pu dire si l'appel du FSN à manifester demain contre le pouvoir de M.Morsi à travers l'Egypte était maintenu. Le Front réclame notamment que le président assume la responsabilité des violences meurtrières de ces derniers jours et la formation d'un gouvernement d'union nationale. Il juge aussi que la Constitution, rédigée par une commission dominée par les islamistes et approuvée par référendum, n'est «pas valide» car, selon lui, non représentative de la population égyptienne et portant atteinte à certains droits fondamentaux. La nouvelle crise que traverse l'Egypte est la pire depuis l'élection en juin de M.Morsi, premier président islamiste et civil d'Egypte. Depuis mardi soir, des heurts ont fait 52 blessés au Caire, à Kafr al-Cheikh (delta du Nil) et dans d'autres gouvernorats, selon le ministère de la Santé. Le président Morsi s'est envolé hier matin pour Berlin où il devait rencontrer la chancelière allemande Angela Merkel. Sa visite, d'abord prévue sur deux jours, a été réduite à quelques heures. L'étape parisienne de cette mini-tournée européenne, prévue demain, a en revanche été reportée.