La principale coalition de l'opposition en Egypte a appelé mercredi à une réunion d'urgence avec le président Mohamed Morsi pour tenter de mettre un terme dans le pays où de nouveaux affrontements entre manifestants et policiers ont fait deux morts au Caire. Ces nouveaux affrontements ont eu lieu sur la place Tahrir, haut lieu de la révolution de janvier-février 2011, et qui était le théâtre mardi de heurts sporadiques. Deux personnes ont été tuées par des tirs de chevrotine lors d'affrontements entre manifestants et policiers, selon une source médicale. Leur mort porte à quatre le nombre des personnes tuées au Caire et à 54 dans le pays depuis le début des violences il y a un peu plus d'une semaine. Les heurts les plus sanglants ont eu lieu à Port-Saïd (nord-est), où 42 personnes ont péri dans des violences depuis la condamnation à mort samedi de 21 supporteurs du club de football local Al-Masry, impliqués dans des heurts meurtriers l'an dernier à l'issue d'un match contre le club cairote d'Al-Ahly. Initiative de l'opposition pour engager le dialogue Dans ce climat de violence, des dirigeants de la principale coalition de l'opposition égyptienne, le Front du salut national (FSN), ont appelé à une réunion d'urgence avec le président Mohamed Morsi pour tenter de mettre un terme à la crise que traverse le pays. "Nous avons besoin immédiatement d'une réunion entre le président, les ministres de la Défense et de l'Intérieur, le parti au pouvoir, le courant salafiste et le FSN pour prendre des mesures urgentes afin de mettre fin à la violence et entamer un dialogue sérieux", a affirmé dans un message sur Twitter le coordinateur du FSN, Mohamed ElBaradei. Le président Morsi avait appelé, lui, les représentants de l'opposition comme les partis islamistes le soutenant à un dialogue national lundi. Le Front du salut national l'avait rejeté en le qualifiant notamment de "vide de sens". Le Front, qui a appelé à manifester à travers l'Egypte vendredi, réclame notamment que le président assume la responsabilité des violences meurtrières de ces derniers jours et la formation d'un gouvernement d'union nationale. L'appel de la principale coalition de l'opposition à une réunion avec Morsi, intervient alors que ce dernier s'est rendu en Allemagne pour une brève visite après avoir déjà annulé un déplacement à Paris, prévu vendredi 1er février. Le président égyptien avait annoncé la veille avoir délégué la gestion sécuritaire aux gouverneurs des trois localités touchés par les derniers affrontements, Port-Saïd, Ismaïliya, Suez, selon l'agence d'information égyptienne (Mena). Morsi avait pris la décision d'imposer un couvre-feu et un état d'urgence de 30 jours dans les gouvernorats touchés par les violences Port-Saïd, Suez et Ismaïlia, en raison des récents affrontements sanglants. Cette décision n'a cependant pas empêché des milliers de manifestants de descendre dans les rues et de braver le couvre-feu jusque très tard dans la nuit malgré la présence de l'armée. Craintes pour la stabilité du pays Préoccupé par la poursuite des violences, le grand Imam d'Al-Azhar en Egypte, Cheikh Ahmed Al-Tayyeb, a appelé "les dirigeants, le gouvernement, les forces politiques et les honorables jeunes à assumer leurs responsabilités devant Dieu et la Nation, afin d'arrêter au plus vite le bain de sang et préserver la vie des citoyens". Il a souligné que la violence, l'effusion de sang et la destruction des biens publics et privés "ne peuvent en aucune être justifiées". De son côté, le ministre de la Défense, le général Abdel Fattah al-Sissi a mis en garde sur sa page Facebook contre "un effondrement de l'Etat", si la crise actuelle dans le pays perdure. Pour sa part, la Haut Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Mme Navi Pillay a exhorté toutes les parties en Egypte à s'engager dans un dialogue et à renoncer à l'usage excessif de la force. Elle a appelé le gouvernement à "faire un effort supplémentaire pour trouver un terrain d'entente et à lancer des actions concrètes afin de répondre à des préoccupations d'ordre public". Condamnant la "répression meurtrière" des manifestations, Amnesty international (AI) a appelé les autorités égyptiennes à assurer le respect du droit au rassemblement pacifique et empêcher l'usage excessif de la force.