«Ce qui me révolte le plus, c'est de donner le droit de vote à des personnes qui haïssent la France, qui détestent la laïcité et qui refusent nos lois», a déclaré le 30 janvier, Christian Estrosi, l'ex-ministre chargé de l'Industrie de Nicolas Sarkozy. La droite redouble de férocité. Le droit de vote des immigrés n'est pas mort. Le gouvernement français déterre ce projet qui figurait parmi les promesses de François Hollande durant la campagne présidentielle. Une «initiative sera prise très prochainement» ont indiqué les services du Premier ministre, Jean- Marc Ayrault. L'UMP rue dans les brancards. Retour sur un débat qui a été au coeur de la course à l'Elysée en 2012. L'étranger, maghrébin en général et algérien, en particulier, a toujours été présenté comme une personne potentiellement dangereuse. Lorsqu'il n'est pas associé à la délinquance ou aux troubles publics, c'est à la couleur de sa peau, à ses origines, à sa culture et à sa religion qu'il est fait référence pour en faire un bouc émissaire parfait, idéal, le suspect tout désigné aux yeux d'une opinion publique française en proie à des difficultés économiques (chômage, licenciement...). Une situation de précarité qui rend l'oreille attentive et réceptive aux discours populistes, racistes et xénophobes. On est passé par toute une panoplie de débats orchestrés par la droite classique pour siphonner les voix, de cet électorat, promises à l'extrême droite. Projet de déchéance de la nationalité française, débat sur l'identité nationale, le regroupement familial, la laïcité, le port du voile, l'immigration choisie, statut des étudiants...qui ont accouché de discours conçus au plus haut niveau de l'Etat français qui ont eu comme conséquence de stigmatiser les étrangers, musulmans. «En 1905, il y avait très peu de musulmans en France, aujourd'hui il y en a entre 5 et 10 millions. Cet accroissement du nombre de fidèles et certains comportements posent problème. Il est clair que les prières dans les rues choquent un certain nombre de concitoyens...», avait affirmé Claude Guéant, le ministre français de l'Intérieur, le 4 avril 2011, en marge d'un déplacement à Nantes (Loire-Atlantique). On était à la veille d'un débat très controversé sur la laïcité qui ciblait essentiellement l'Islam. Quel épouvantail brandira-t-on encore aujourd'hui pour faire peur aux Français? Le discours redouble de férocité. L'immigré aurait la haine de la France. La charge est violente. «Ce qui me révolte le plus, c'est de donner le droit de vote à des personnes qui haïssent la France, qui détestent la laïcité et qui refusent nos lois», a déclaré, le 30 janvier sur Europe1, Christian Estrosi, l'ancien ministre chargé de l'Industrie (juin 2009-novembre 2010). «C'est lamentable» lui a répondu le sénateur écologiste, Jean-Vincent Placé. La voix du député-maire de Nice est-elle marginale au sein de l'UMP? Pour Nicolas Sarkozy, qui a assumé ces dernières années le leadership de la droite traditionnelle, notamment durant son quinquennat (2007-2012), tout en incarnant ses idées: «Donner droit de vote aux étrangers, (...) c'est porter atteinte à la République, parce que c'est ouvrir la voie au vote communautaire et c'est mettre les maires sous la menace du chantage communautaire. Or, la République ne reconnaît pas le communautarisme» avait souligné, dans un discours prononcé le 3 mars à Bordeaux (sud-ouest de la France), l'ex-président français qui avait ajouté que «l'immigration pouvait être un problème» à un peu plus d'un mois du premier tour de l'élection présidentielle. La France est face à ses contradictions. Elle marginalise les immigrés et se plaint de ne pas les voir plus s'intégrer, sans leur accorder la moindre opportunité pour les faire participer à la vie de la cité. Comment peut-on voir dans des communautés que l'on a cantonnées pendant des décennies à la périphérie de leur société d'accueil, un danger pour la République alors qu'elles s'acquittent de leurs impôts, cotisent à la caisse de retraite, paient régulièrement leurs loyers et les charges qui y sont induites? Si le gouvernement socialiste arrive à faire consacrer leur droit à participer pleinement à la vie de la cité, cela ne sera que justice rendue.