Les adversaires de Belkhadem crient victoire Lâché de toute part, Abdelaziz Belkhadem a cru au miracle de l'urne. Peine perdue puisqu'il n'est plus secrétaire général du FLN depuis jeudi dernier. Les contestataires du désormais ex-secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem, l'ont annoncé à la veille de la tenue de la session ordinaire du comité central dont les travaux sont ouverts depuis avant-hier: «Si le vote à bulletin secret se déroule dans la transparence, Belkhadem sera dans sa maison les 30 minutes qui suivront le dépouillement.» Le lendemain, soit jeudi dernier, le vote était effectivement transparent et Belkhadem était destitué. En effet, 160 membres du comité central ont voté pour le retrait de confiance à M.Belkhadem, contre 156 membres qui voulaient son maintien. Mais l'ex-secrétaire général n'était pas dans sa maison 30 minutes après sa destitution. Il est revenu une heure plus tard à l'hôtel El-Riadh d'Alger où s'est tenue la session pour assister à la poursuite des travaux. Ce que ses adversaires qualifiaient d' «énième provocation». Une destitution mal digérée Pourtant, dans son ambition démesurée, Belkhadem ne croyait nullement à un tel scénario. La veille, il défiait ses adversaires et se vantait d'avoir le soutien de la majorité. A tel point que les redresseurs à qui il assurait avoir rassemblé plus de 200 signatures, commençaient à douter dès les premières heures de la matinée de jeudi dernier. Belkhadem, qui comptait également sur la présence «physique» des militants qui lui sont restés fidèles, a dû réfléchir par deux fois en s'apercevant de l'impossibilité d'accès à l'hôtel El Riadh de toute personne qui n'est pas membre du comité central. Le périmètre de l'hôtel était, en effet, quadrillé par les forces de l'ordre et les partisans de Belkhadem ont été stoppés par un cordon sécuritaire loin du lieu où les travaux se déroulaient. C'est à ce prix que l'ex-secrétaire général a compris qu'il ne doit compter sur aucun traitement de faveur. Abdelaziz Belkhadem est arrivé dans la salle des conférences à 12h05. A ce moment là, il avait certainement de la peine à mesurer ses chances: moins de la moitié de la salle se lève pour l'applaudir. Il ouvre la séance avec quelques versets coraniques avant de demander à l'assistance de saluer l'hymne national. Mauvais départ: la cassette refuse de démarrer et l'ouverture de la séance enregistre déjà un retard de plus de deux heures. L'expectative Ce retard est dû à un différend sur la composition du bureau de la session, entre partisans et opposants à Belklhadem. Finalement, les deux parties ont convenu de constituer un bureau de quatre membres (deux représentants pour chaque clan) pour superviser l'opération de vote à côté d'un huissier de justice désigné à cet effet. A environ 13h, l'huissier de justice a lancé l'opération de vote et appelle Belkhadem qui était le premier votant. Sur les 330 membres inscrits, 306 étaient présents, 12 ont donné des procurations et 12 autres étaient absents. L'opération a duré plus de trois heures durant lesquelles Belkhadem n'a pas quitté la chaise installée sur l'estrade de la salle. Les membres du comité central, qui ont vécu la journée la plus longue, ont suivi l'opération de dépouillement, les nerfs à fleur de peau. L'avenir de l'ancien chef de gouvernement sera connu dans quelques minutes. Le verdict est tombé comme un couperet sur les partisans de Belkhadem. 160 voix pour le retrait de confiance, 156 contre et 7 bulletins nuls. Les cris «dégage», «dégage», «dégage» fusaient de l'arrière de la salle. Des youyous, des accolades et autres cris de joie. Le mouvement de redressement a enfin atteint son objectif. Au milieu de ce brouhaha surgit la voix de Belkhadem: «Mabrouk, j'ai vaincu, le FLN a vaincu, j'ai consacré la démocratie de l'urne...» Mais M.Belkhadem a-t-il vraiment consacré la démocratie de l'urne? Pas si sûr, lorsque l'on sait que, faute d'unanimité, tout chef de parti qui se respecte, doit démissionner sans aller au vote. Et puis, cette affirmation d'un membre du comité central: «Il n'y a pas de démocratie au FLN, c'est toujours les rapports de force qui tranchent.» Après le retrait de confiance, la séance a été levée. Les membres du comité central suspendus, à savoir Mohamed Seghir Kara et El Hadi Khaldi, ont pu finalement rejoindre l'hôtel El Riadh après avoir été empêchés le matin. A la surprise générale, une heure plus tard, Belkhadem est revenu à l'hôtel pour tenter de se repositionner. De quelle démocratie parle donc M.Belkhadem?