«On ne guérit pas les plaies en les léchant avec une langue de bois.» De Valéry Giscard d'Estaing Extrait du journal Libération - 10 Décembre 1990 Au moment où le FLN se bat pour sa survie, Malek Bensmaïl, un réalisateur algérien installé en France réinvestit le terrain algérien pour présenter son documentaire Le Grand Jeu, la première plongée souterraine dans les coulisses d'une présidentielle algérienne en 2004. Après avoir crié sur tous les toits de la place parisienne que le documentaire a été censuré, (Le Grand Jeu n'a jamais été diffusé sur la chaîne LCP (La chaîne Parlementaire) qui l'avait acheté et déprogrammé à deux reprises et à la dernière minute sur TV5 Monde), c'est en Algérie que le documentaire réapparaît sous toute sa fragmentation pelliculaire et sur tous les espaces de diffusion en Algérie. Présenté par la Cinémathèque de Béjaïa et prochainement à Oran et Alger, le doc est également programmé à l'Institut français à Alger le 20 février 2013, dans le cadre d'un cycle proposé par le producteur de l'émission de la Radio nationale Micro Ciné, diffusé sur la Chaîne III. On ignore si la parole de Bensmaïl aura un laisser-passer pour parler librement sur les ondes de la Chaîne III, du grand moment d'une élection présidentielle. Mais là n'est pas le propos! Ce qui nous interpelle au plus au point, c'est la programmation iconoclaste d'un réalisateur qui n'a pas l'Algérie dans son coeur et qui avait signé plusieurs documentaires pamphlets contre l'Algérie, comme le doc Guerres secrètes du FLN en France et qui plus est la programmation d'un documentaire «politique» sur l'élection présidentielle de 2004, presque 10 ans avant une nouvelle éventuelle confrontation Bouteflika-Benflis en 2014. Le Grand Jeu est avant tout une manière d'exposer le grand jeu subtil de Bensmail, qui après avoir été refusé poliment par le directeur de campagne de Bouteflika, à l'époque Abdelmalek Sellal, l'auteur de Aliénations, fort de son badge de cameraman accrédité pour couvrir l'élection présidentielle de 2004, se tourne vers le carré opposé de la grande messe électorale pour demander au candidat Benflis, de l'autoriser de filmer sa campagne électorale. Bensmaïl, n'avait pas encore vendu le concept aux producteurs français qui voyaient d'un même oeil Benflis, fils de chahid et grand défenseur des valeurs de la Révolution algérienne. Passé ce cap politique et après la victoire de Bouteflika, sa pseudo censure à l'époque a été utilisée comme du marketing médiatique pour faire vendre son produit aux télévisions françaises, sa seule source de revenus et de survie artistique et intellectuelle. Mais quelques années plus tard, en 2010, Bensmaïl est venu profiter comme certains réalisateurs installés en France, de la générosité du ministère de la Culture pour monter le projet d'un documentaire sur l'école algérienne dans une région très chère à Benflis, les Aurès, berceau de la Révolution algérienne. Notre question est simple: «Est-ce que Ali Benflis a vu ce documentaire qui présente la mort d'un couple d'instituteurs français et d'un caïd algérien comme les premières victimes civiles d'une guerre de Libération nationale et qui incombe l'échec de l'école algérienne au FLN?» Pas sûr! Ce retour au bercail de Bensmaïl signifie-t-il qu'il prépare une suite du Grand Jeu à l'approche de l'élection présidentielle de 2014? Film à suivre.... [email protected]