Curieusement, tous nos réalisateurs ayant réussi leur carrière, sont installés en France. Mais pour arriver à s´imposer en France, il faut réaliser des oeuvres contre l´Algérie, mais jamais pour l´Algérie. C´est un peu le cas de Malek Bensmaïl, réalisateur de films contre l´Algérie. Documentariste, spécialisé dans le documentaire politique, il vient de décrocher le Prix du Jury pour son film La Chine est encore loin, au nom de l´Algérie. Une chronique contrastée sur une école dans un village des Aurès. Le réalisateur s´est inspiré du hadith du prophète Mohammed (Qsssl) qui disait: «Demandez le savoir même s´il était en Chine.» Mais l´Islam n´est pas le propos, c´est l´échec scolaire dans le berceau de la Révolution algérienne qui intéresse le plus le réalisateur ayant véritablement une dent contre l´Algérie. Et pourtant, le documentaire a été financé à hauteur de 3 millions de dinars par la manifestation «Alger, capitale de la culture arabe 2007», mais le film a visiblement dérangé le jury du Panorama, l´été dernier, dirigé par Malik Aït Aoudia, qui se présente comme le concurrent direct de Malek Bensmaïl dans le genre du documentaire politique. En 1996, il réalise Territoire(s) un essai documentaire sur les violences terroristes en Algérie. Et en 1999, il coréalise un film qui fera date sur le défunt Mohamed Boudiaf. Commandé et produit par Arte. Celle-ci l´a déprogrammé et reprogrammé quelques mois plus tard pour ne pas gêner l´élection présidentielle algérienne de 1999. En 2000, Des vacances malgré tout signe un nouveau style de la comédie documentaire pour Bensmaïl. Mais au même moment, il critique le mode de vie social en Algérie et explique les fortes raisons des demandes de la nationalité française par les émigrés qui déchirent en masse leur passeport vert. Après Algérie(s), un film documentaire d´investigation en deux volets qui éclaire et montre à travers des archives et des entretiens inédits de personnalités du gouvernement, de l´armée, des islamistes, de la société civile, la descente aux enfers du peuple algérien, Malek Bensmaïl sort son grand jeu. Il réalise alors son documentaire Le Grand Jeu, qui montre, en 2005 la campagne présidentielle algérienne de 2004. Le réalisateur algérien qui a pourtant programmé son film à la filmothèque Zinet en présence de la presse, crie haut et fort que son film est interdit d´antenne et censuré en France et en Algérie, alors qu´il a obtenu en 2007 un financement de l´Algérie pour faire son dernier documentaire. Loin d´égaler Serge Moati, le Franco-Marocain Mohamed Ulad ou l´Américain Michael Moore, Malek Bensmaïl joue souvent avec le feu et la lumière en faisant des docs faciles, comme Aliénations, un doc sur l´univers de la psychiatrie à Constantine, grâce aux relations qu´avait son père psy de renom Ou encore filmer une école sans surveillance durant une année, avec toutes les autorisations possibles, ça donnera sûrement un bilan critique sur l´école algérienne. Et dans ce cas-là, aucun pays n´y échappe comme on le voit dans le film français Entre les murs, Palme d´or à Cannes. [email protected]