Un comité «d'éradication» du Baâs a pris en charge la purge des partisans de Saddam. Une manifestation à Amara tourne au drame. De nouvelles vocations se sont faites jour en Irak où un «Comité d'éradication du Baâs» s'est donné comme mission de purger l'administration des anciens responsables baâssistes ayant survécu à la chute de l'ex-président Saddam Hussein. Ces nouveaux adeptes du maccarthysme sont conduits par Ahmed Chalabi, président du Congrès national irakien et membre du Conseil provisoire de gouvernement, un des opposants de longue date au régime du Baäs. Selon les informations données hier par la presse irakienne sont concernés par les futurs licenciements les membres de la direction nationale de l'ancien parti et de ses démembrements provinciaux et de sections. Selon les mêmes sources, le comité donne le choix aux gens chassés ayant exercé dans l'administration et les entreprises d'Etat, de «faire appel de ces décisions et de renoncer à la retraite», soit «d'accepter la retraite et de renoncer à faire appel». Un dilemme pour les personnes touchées par ces décisions, des mesures en réalité attendues dès lors que l'administrateur en chef américain, Paul Bremer, a évoqué, dès son installation en mai dernier, cette éventualité de purger l'administration irakienne, faisant savoir que «les dirigeants du Baâs seront exclus de l'administration et des entreprises d'Etat» Dans l'optique de réaliser cet objectif, la coalition américano-britannique avait confié au gouvernement transitoire de gouvernement irakien la tâche de mener à terme la chasse aux anciens baâssistes. Au plan sécuritaire, la situation demeure précaire, les Irakiens demeurant les grandes victimes de l'après-guerre. Samedi, une manifestation contre le chômage à Amara, ville du Sud, a tourné au drame lorsque la police irakienne et des soldats de l'armé britannique ont tiré sur les manifestants tuant six Irakiens. On signale également trois explosions qui ont soulevé hier la capitale Bagdad sans que soit données d'autres précisions. Les ratissages et les arrestations dans les milieux «suspects» se poursuivent dans les régions de Falloujah et de Baaqouba. D'autre part, selon des chiffres publiés par le Pentagone, il y aurait eu quelque 500 Américains tués en Irak lors des huit mois de présence américaine dans ce pays. Au plan politique, face au forcing kurde sur la question du fédéralisme, les Américains tentent de calmer le jeu, se montrant prudents sur une donne qui ne concerne pas uniquement les Irakiens mais intéresse au premier chef les voisins immédiats de l'Irak, tels la Turquie, la Syrie et l'Iran, qui ne sont pas restés indifférents considérant que le fédéralisme remettait en cause l'intégrité territoriale de l'Irak. Aussi, Paul Bremer, l'administrateur américain, temporise-t-il renvoyant à 2005 l'examen de cette question, de même que le statut de la ville de Kirkouk, revendiquée par les Kurdes. Une vraie bombe qui menace la stabilité de l'Irak. M.Bremer tout en estimant que «l'on ne peut pas bâtir un système fédéral sur une base ethnique», souligne toutefois: «Je suis sûr qu'on arrivera à une formule qui allie système fédéral et unité de l'Irak», indiquant encore que le statut de Kirkouk «doit être décidé par des Irakiens élus». Selon l'accord conclu par la coalition et le Conseil transitoire irakien, annoncé le 15 novembre dernier, ces élections sont prévues, au plus tard, le 15 mars prochain. Cependant, s'exprimant sur ces élections, le grand ayatollah, chiite, Ali Sistani, a de nouveau réitéré hier, en recevant le chef de l'exécutif provisoire irakien, Adnane Pachachi, sur la nécessité d'élections générales. Considérant que l'Assemblée provisoire prévue ne serait pas représentative, l'ayatollah insiste sur le principe d'élections «générales et directes» comme le rapportait hier le chiite Mouaffak Al-Roubai, membre du Conseil transitoire. Mais, à en croire plusieurs membres de l'exécutif provisoire «les conditions ne sont pas réunies pour tenir dans l'immédiat» une telle consultation, particulièrement en raison des conditions sécuritaires qui demeurent aléatoires.