Voulue grandiose, cette manifestation l'a été sur tous les plans. La région de Basse Kabylie a été rythmée, hier, par deux importantes manifestations initiées respectivement à Sidi Aïch et Akbou par la Cicb et son aile dissidente. Ces deux démonstrations de force ont eu lieu dans un climat de sérénité. Pour «une consultation de la base» telle que définie par les organisateurs des deux camps, celle-ci a été, on ne peut plus claire, très significative par rapport au processus de dialogue. Le rapport de forces a tourné en faveur des partisans du dialogue. En effet, et contrairement à la marche des dissidents, qui n'avait drainé que très peu de monde lundi dernier, celle initiée, hier, par les coordinations de l'ex-daïra de Sidi Aïch a été conséquente. Voulue grandiose, cette manifestation l'a été sur tous les plans. Hier, les organisateurs sont repartis plus que jamais confortés dans leurs positions. Les délégués, qui s'apprêtent à prendre encore une fois langue avec le pouvoir pour la mise en oeuvre de la plate-forme d'El-Kseur, ont réussi, hier, une manifestation qui vient à point nommé pour mettre à nu les desseins inavoués d'une dissidence qui n'a pas cessé de marteler que le processus de dialogue enclenché avec le pouvoir est l'oeuvre «des délégués non représentatifs», «une trahison». Hier, le démenti cinglant rendu pour la circonstance ne manquera pas d'encourager l'aile favorable au dialogue pour aller de l'avant. Intervenant quelques jours seulement après celle organisée par les dissidents, la marche populaire a drainé une foule nombreuse. A 11h, la procession composée de parents de martyrs, de handicapés et de jeunes et moins jeunes s'est ébranlée de la place des Trois Horloges vers le siège de l'APC. Le passage par le pont des Italiens est à lui seul un signe qui dénote l'importance de la mobilisation du jour qui n'a de sens que celui «du soutien de la population au processus de dialogue». Au-delà de la charge symbolique qu'elle porte en intervenant le jour de l'an berbère (Yennayer) et celui de l'anniversaire de la mort du pionnier du combat amazigh, Boussaoud Mohand Arab, la manifestation d'hier revêt aussi une autre portée politique, liée à la mobilisation citoyenne pour «la concrétisation de la plate-forme d'El-Kseur et le départ des indus élus». Lors du meeting animé devant le siège de l'APC de Sidi Aïch, Farès Oudjedi et Beza Benmansour ont largement abordé le processus de dialogue en réitérant «l'exigence du départ des indus élus», qui reste à leurs yeux «une exigence morale et un impératif politique». Les deux animateurs ont promis que «ce point sera le premier à être abordé dans le prochain round». «Nous ne pouvons pas céder sur cette exigence qui répond à la volonté populaire», ont-ils martelé plusieurs fois. A Akbou, les dissidents, qui ont initié leur deuxième sortie en une semaine, ont animé un meeting populaire sur la place Amirouche. Les animateurs de cette aile ont réitéré leurs positions, par rapport au dialogue, en tirant à boulets rouges sur leurs ex-pairs de la Cicb. Notons, par ailleurs, que la journée d'hier, décrétée par les archs «fériée», a été fêtée un peu partout dans la région. Outre les activités politiques suscitées, il y a lieu de signaler que les secteurs d'activité ont dans leur quasi-totalité connu un fonctionnement normal à travers toute la wilaya. L'APC de Béjaïa s'est distinguée par sa fermeture ainsi que par un certain nombres d'activités de célébration de cette journée de Yennayer.