La fermeté clairement affichée par les pouvoirs publics a eu raison de la détermination des animateurs de la Cicb qui ont tenté vainement d'entamer la marche à plusieurs reprises. Le dispositif sécuritaire déployé aux premières heures de la journée témoignait déjà d'un empêchement. Mais il faut dire aussi que la mobilisation n'était pas celle des grands jours. Il n'y a vraiment pas eu d'engouement à l'occasion de cette action. Si pour les manifestants de la vallée de la Soummam, plus nombreux, la ville de Béjaïa leur a été fermée à hauteur de Oued Ghir par un important renfort sécuritaire, il n'en est pas de même sur le lieu de départ. Les citoyens n'étaient pas du tout mobilisés. Hormis un groupe de jeunes encadré par quelques animateurs de la coordination de la commune de Béjaïa, les autres citoyens affichaient une indifférence totale à l'action du jour. Ils étaient plus nombreux à prendre place aux alentours du carrefour, qui en quête d'un passage, qui par curiosité et aussi pour assister au face-à-face prévisible à tout moment. A un quart d'heure du départ, un groupe de jeunes tente de se rassembler. Un pneu est alors enflammé sur la chaussée. Les automobilistes et les passants qui poursuivaient leurs chemins sont pris à partie par les jeunes qui monopolisent le rond point CNS. C'est à ce moment-là que les policiers interviennent à bord d'un fourgon cellulaire et dispersent le groupe de manifestants, qui se replie un moment avant de revenir à la charge. La police, qui s'était retirée entre-temps, redonne espoir aux délégués qui tentent de nouveau de se regrouper en demandant aux autres citoyens de les rejoindre. Ce sont plutôt les policiers qui arrivent de nouveau sur les lieux. Utilisant, cette fois-ci, des bombes lacrymogènes ils viennent à bout de la détermination des ârchs. Ce scénario se répètera plusieurs fois avant qu'un dispositif sécuritaire n'arrive sur les lieux pour dissuader les plus téméraires des manifestants. Les quelques arrestations opérées à la suite de cette dernière intervention mettra fin à toutes tentatives permettant par la même occasion la reprise de la circulation piétonnière et automobile. Aux entrées de la capitale des Hammadites, les manifestants venants de la vallée de la Soummam ont été systématiquement refoulés par un dispositif sécuritaire déployé à hauteur de Oued Ghir sur la Nationale 26. La forte mobilisation des citoyens de la vallée n'a pas suffi à rallier la ville de Béjaïa. Si au niveau du barrage filtrant à Oued Ghir, des affrontements ont éclaté dès l'arrivée des premiers manifestants, il n'en est pas de même pour le deuxième barrage installé à Iryahein, à l'entrée Est de Béjaïa, qui n'a pas eu grand-chose à faire. La côte Est ne s'est mobilisée ni pour la grève et encore moins pour la marche. Au niveau de Oued Ghir, les affrontements rapportés par plusieurs sources, étaient plus violents et se sont soldés par de nombreuses arrestations. La RN 26 a été barricadée à plusieurs endroits par les manifestants très déçus de l'empêchement. A l'heure où nous mettons sous presse, la tension baissait peu à peu dans les deux points chauds de la Basse Kabylie. Au carrefour CNS, point de départ de la marche, la police continuait d'occuper les lieux pour prévenir d'éventuelles tentatives alors que la circulation piétonnière et automobile reprenait son cours normal. Aux portes de Béjaïa, les renforts dépêchés sur les lieux n'étaient pas encore levés. Concernant la grève générale décrétée en appui à la marche du jour, ce fut un fiasco à Béjaïa-ville et sur la côte Est (Aokas et Souk El-Thenine). Hormis le traditionnel carré de la vallée (El-Kseur, Amizour, Sidi Aïch et Akbou), le reste des localités de la Basse Kabylie a connu une activité plus au moins perturbée. Décrétée fériée, la journée d'hier, coïncidant avec le premier jour de l'An berbère, ne l'a pas vraiment été. Les administrations publiques n'ont pas souscrit à l'appel des ârchs et ce, malgré la campagne de sensibilisation menée par des comités de délégués la semaine dernière.