L'accueil du président fut empreint d'une ambiance festive et généreuse dans la pure tradition locale. L'armée dans les casernes, la ville de Béchar a accueilli le chef de l'Etat en milieu de matinée. C'est en haut de la grande avenue que fantassins sur leurs montures, fanfares de scouts, rendaient honneur au président à la lisière du quartier Mer Niger ; alors qu'à travers les rues adjacentes, commerces et cafés poursuivaient normalement leurs activités. Tandis que terrasses et balcons permettaient à ceux qui pouvaient y accéder d'embrasser du regard toute cette ambiance festive, ponctuée de salves de baroud. Un groupe folklorique originaire de Louata rythmait la gestuelle d'un danseur frisant la transe, au moment où une autre troupe de Beni Ounif s'évertuait aux notes de la zorna et du karkabou. Cette dernière, par l'entremise de son plus ancien élément, exprimait toute sa gratitude et sa reconnaissance à Bouteflika, à l'origine, selon lui, du recouvrement de la sécurité dans la région. «Depuis une année, notre région s'est débarrassée de la hantise de s terroristes», a-t-il dit. Allusion au tronçon Béchar-Beni Ounif qui servait de zone de repli aux groupes terroristes. Auparavant, Bouteflika s'était d'abord rendu à Abadla, vallée agricole plus à l'ouest du chef-lieu de la wilaya dont elle est distante de quelque 100 km et où tous les habitants s'étaient mobilisés pour offrir au président un intégral bain de foule. Le chef de l'Etat y a inauguré un tribunal, déjà réceptionné. Ce dernier permettant, entre autres, d'épargner aux citoyens d'Abadla de fréquents et contraignants déplacements vers le tribunal de Béchar. Bouteflika s'est ensuite rendu à la vallée de Oued Guire (Abadla), laissée malheureusement en jachère depuis la vaine expérience agricole américaine qui voulait en faire un plateau agricole à la californienne. A Béchar, une wilaya où la garde rapprochée du président fut largement secondée dans sa mission sur place par des officiers et autres hauts gradés de la police et de la gendarmerie, contrairement à d'autres étapes similaires, et au plus fort de l'accueil populaire, jeunes et moins jeunes affluaient en courant des rues attenantes à la grande rue pour ne rien rater du passage de l'hôte du jour, lequel était accompagné de dignitaires de la ville, des autorités locales dont le chef de la 3e Région militaire et le wali, mais aussi de ses ministres Sellal (Transports), Barkat (Agriculture), Zerhouni (Intérieur) et Haraoubia (Ensei-gnement supérieur). Des banderoles encourageant Bouteflika à briguer un second mandat drapaient les balcons; elles appartenaient principalement au mouvement associatif local et aux coordinations de soutien à la candidature du président, parmi elles la Coordination de soutien au moudjahid Bouteflika et la Coordination de wilaya pour le triomphe de l'Algérie, toutes rendaient hommage à «l'artisan de la concorde nationale». C'est lors de l'arrivée de la délégation présidentielle devant le siège de la coordination de soutien à Bouteflika, que le rythme de l'accueil atteignit son zénith. Bouteflika s'y empressait de serrer des mains d'hommes et de qui se tendaient vers lui, à profusion. A ce moment précis, plusieurs plis de soutien furent soigneusement confiés au protocole présidentiel. Par la suite, la grande place de Béchar, ultime point de cet accueil populaire, vit l'apparition d'une véritable marée humaine qui tentait de suivre le sens de la marche de la délégation officielle venue d'Alger. Une motion de soutien fut alors lue publiquement au président. Le cortège présidentiel aura du mal à s'extirper «de la maille humaine» tissée autour de lui.