«Pourquoi a-t-on inventé le cinéma? Pour persuader les gens que la vie a la forme d'une histoire. Pour prétendre que parmi tous les événements désordonnés que nous subissons, il y a un début, un milieu, une fin. Ça remplace les religions, le cinéma, ça met de l'ordre dans le chaos, ça introduit de la raison dans l'absurde.» Eric-Emmanuel Schmitt, extrait de «La femme au miroir» Alors qu'on pensait que les réflexes du parti dissous ont été à jamais effacés voilà que le parti de Bouguerra Soltani, revient à la charge et interdit le cinéma dans les salles qui sont sous administration du son parti. Et la salle qui en a subi les premières décisions, c'est la célèbre salle de la capitale Sierra Mestra, située dans le quartier populaire et très animé, Meissonnier. Le nouveau maire de l'APC de Sidi M'hamed, l'élu MSP Nacer Eddine Zinasni, a ordonné, selon certaines sources, l'interdiction des films dans la salle qui est sous son autorité. Cette décision politique nous renvoie à une ère qu'on pensait à jamais disparue. Ce maire a été élu suite à un jeu de chaîne musicale et d'alliance grâce au report des voix des élus FFS, RND et du Jil Jadid, au détriment du FLN et de son très médiatique maire Mokhtar Bourouina. Le nouveau maire du MSP, qui n'a pas trouvé mieux pour faire les colonnes des médias, ne connaît visiblement rien aux collectivités locales et au développement social. Il risque avec cette décision d'installer une image que l'Algérie a mis plus de dix ans pour la faire disparaître. Ils nous renvoient à la politique culturelle du parti dissous qui avait interdit la musique au centre de Sendoussiya, la comédie à l'institut de Bordj El Kiffan et qui a transformé les centres culturels de la jeunesse FLN en centres de formation pour les futurs djihadistes et aux futures femmes au foyer avec des nikab et hidjab comme diplômes. Des salles qu'au nom de l'Islam (religion qui avait prôné dès les premiers versets l'importance du savoir et de la connaissance), avaient été détournées de leur propre mission, transmettre le rêve par l'image. Ce sont ses islamistes qui avaient interdit le concert de Linda de Souza, faisant de l'Algérie un deuxième Iran et un troisième Afghanistan. M.Zinasni veut peut-être effacer la prestigieuse salle qui avait été inaugurée par le célébrissime symbole de la révolution rouge le CHE lors de son premier voyage en Algérie et que Sierra Mestra signifie le valet à Cuba où la révolution anti-impérialisme a été lancée. M.le maire veut probablement mettre un terme aux fonctions de la première jeune femme, gérante d'une salle de cinéma. Ce qui est sûr, c'est que le nouveau maire de Sidi M'hamed veut effacer les traces culturelles de son prédécesseur Bourouina, qui avait fait beaucoup pour le cinéma et la culture algérienne. Car c'est dans cette salle qu'a été projeté le film Benboulaïd en présence du doyen des mairies algériennes. C'est également cet élu FLN qui avait instauré un Prix pour les artistes et qui avait récompensé des comédiens de renom tel que le défunt Larbi Zekkal, quelques mois avant sa triste disparition. En fermant cette salle au cinéma, le nouveau maire MSP de Sidi M'hamed veut renvoyer l'Algérie aux années obscures du fondamentalisme, au moment où une réalisatrice saoudienne réalise avec brio le premier film d'un pays où les salles de cinéma obscures sont proscrites. [email protected]