Marek Skolil, ambassadeur et chef de délégation de l'UE à Alger Au volet patrimoine, l'aide de l'UE est assez conséquente puisque le montant du budget alloué à ce secteur est estimé à 24 millions d'euros. Partager les expériences dans un bon rapport de politique de voisinage, au-delà des échanges économiques et commerciaux, tel est le credo que s'est assigné l'Union européenne comme l'a bien expliqué, avant-hier, lors d'un déjeuner informel avec la presse, le nouvel ambassadeur, chef de délégation de l'UE à Alger, M.Marek Skolil, installé, il y a à peine cinq mois en Algérie, après le départ en Tunisie de Mme Laura Baeza. Affermir des liens de rapprochement et de coopération avec le Maghreb de façon générale et l'Algérie de manière particulière a été au menu du débat avec la presse. Au volet culturel, «nous avons des projets qui se sont développés depuis quelques années», a déclaré M.Skolil, tout en se félicitant de l'expo de photos algéro-européenne qu'il a vue à Bruxelles au Parlement européen. Il révélera que la prochaine rencontre des écrivains euroméditerranéens, en mars, se déroulera sous le thème «La littérature et l'évasion». «Des écrivains vont venir pour discuter et laisser des traces de leur réflexion.» Et d'affirmer enthousiaste: «Ce que j'ai vu lors de mon arrivée, c'est très positif. Nous allons voir dans quelle mesure nous allons organiser le festival culturel qui est une tradition de longue date, au mois de mai. Nous pensons revenir à une formule qui a été pendant quelques années abandonnée. Pour le festival du film qui a été interrompu, si on sent qu'il y a des partenaires et des pays membres volontaires qui veulent participer, on le reconduira cette année.» Et de rajouter: «Il ne faut pas oublier que la coopération culturelle, à proprement parler, est portée par les pays membres avec le soutien de l'Union européenne. Il faut quand même revenir aux relations bilatérales entre les pays et que nous essayons occasionnellement, en partie, de fédérer, coordonner. Parce que ce n'est pas notre rôle premier, nous n'avons pas une mission de représenter l'Union européenne dans le domaine culturel. Cela n'existe pas.» En clair, M. Marek Skolil explique la démarche de l'Union européenne: «Pour nous, les projets et le dialogue culturel ce sont avant tout une question d'échange public, de diplômes, ce qu'on appelle «la diplomatie publique», c'est-à-dire pouvoir travailler aussi sur ce volet en dehors des salles de gouvernement, de mettre au maximum ensemble des citoyens. Cela se passe à ce niveau-là. Pour nous, la culture fait partie de ces échanges humains dont les échanges universitaires entre enseignants, étudiants, lesquels sont financés par l'Union européenne.» Notons que l'Union européenne jouit de trois fonds d'aide au service des pays du pourtour de la Méditerranée, donc l'Algérie peut en bénéficier. Il s'agit de trois programmes distincts: Euromed Héritage, Euromed audiovisuel et un troisième volet qui concerne le patrimoine. Ce dernier est un projet conséquent en termes de budget mobilisé. Or, confie M.Marek Skolil, chef de délégation de l'UE à Alger: «Certains critiquent notre aide en disant est-ce vraiment l'urgence? Nous avons proposé ce projet, nous l'avons soutenu et Mme Katerine Ashton, représentante de l'Union européenne pour les Affaires étrangères et la Sécurité, vice-présidente de l'Union européenne (Ndlr), a signé la convention. C'est peut-être un programme culturel, mais ça va beaucoup plus loin. C'est véritablement un programme de développement, il ne s'agit pas seulement de contribuer à la sauvegarde du patrimoine algérien qui est très vaste et riche, il y a un volet qui contribue au développement social de la région. Un programme décentralisé...» En effet, nous apprend-on, l'aide au programme est de l'ordre de 24 millions dont 21 millions et demi d'euros accordés par l'Union européenne. Une somme qui se traduit sur le terrain par les travaux, les fournitures, les services en termes d'identification de tout le patrimoine de l'Algérie. Ce programme vient de commencer. On espère beaucoup de ce volet, surtout dans le cadre de la formation des jeunes dans les métiers de la construction artisanale, ces métiers qui sont laissés à l'écart dans la construction algérienne, nous a-t-on fait savoir. Quand on sait dans quel état de dégradation est la Casbah, on se dit que l'aide de l'Union européenne ne peut être que la bienvenue dans ce cas de laxisme flagrant dont font preuve les responsables concernés.