Les signataires du manifeste, qui doivent rejoindre d'autres acteurs, doivent se rencontrer mardi au siège du FLN en signe de solidarité avec Benflis. Le manifeste, «historique» s'il en est, signé lundi par onze acteurs de l'opposition politique, est loin d'en rester là. C'est ce que nous apprenons auprès de deux de ses signataires que nous avons pu joindre hier, Rachid Benyellès et Ali-Yahia Abdenour. L'un comme l'autre nous apprennent que le suivi de cette démarche se fera de manière soutenue et efficace. Ainsi, une rencontre doit-elle avoir lieu dès ce mardi au siège du FLN en guise de solidarité avec Ali Benflis. Le manifeste, nous disent encore nos sources, qui ne s'adresse à aucune institution en particulier, s'est voulu être un «témoignage vivant devant les opinions nationale et internationale face au hold-up de la souveraineté populaire est en train d'être opéré». C'est à l'occasion de ces rencontres, appelées à se faire de manière cyclique et soutenue que «les modalités pratiques de passage à l'action seront adoptées dans le but de faire aboutir ce manifeste». Le sujet de l'armée, qui continue de déchaîner les passions ne laisse pas insensible non plus le groupe des onze, puisque des indiscrétions font état d'âpres débats autour de cette question avant que les participants ne tombent d'accord sur cette phrase lourde de sens, mettant en avant le «contraste» entre «la neutralité salutaire» de cette institution d'une part, et «l'asservissement des institutions» d'autre part. Me Ali-Yahia estime que «cela a eu pour effet de clarifier le problème du rôle de l'armée dans le prochain scrutin». Même si le manifeste ne s'adresse par à celle-ci, la «confusion des pouvoirs actuels, qui est assimilable à une véritable dictature» parle d'elle-même. M.Benyellès va plus loin dans son argumentaire lors de la rencontre que nous avons pu avoir avec lui au sein de sa permanence. «Nous ne l'avons pas dit implicitement dans notre déclaration, mais nous pensons que l'armée aura peut-être à intervenir, ce que personne ne souhaite, afin de prévenir le chaos que nous évoquons dans notre document». Il ajoute, dépité, que «la neutralité clairement affichée de la part de l'armée a placé le pays dans une très grave situation». Très déterminé, puisqu'il nous apprend avoir fait partie des premières personnes à être consultées dans le but d'aboutir vers cette démarche, il y a de cela plusieurs mois, notre hôte souligne que «le bras de fer est inéluctable depuis. Reste à savoir seulement quelle forme il prendra et à quel moment il aura lieu». A notre évocation du scénario géorgien, il martèle que «si l'armée avait adoubé son candidat en 1999, il en va tout autrement en 2004. Les choses ne s'arrêteront pas dans le cas où il y a confiscation de la souveraineté populaire. Je crains seulement que Bouteflika n'ait pas la sagesse dont a su faire montre Chévernadzé».