Ces acteurs politiques, plus soudés que jamais, souhaitent que les autres institutions «renoncent à leur coup de force électoral». Mettant fin aux spéculations les plus défaitistes, l'ensemble des signataires du manifeste des onze étaient présents hier, tôt le matin, à la permanence de Benyellès avant de se rendre chez Benflis en signe de solidarité et pour y tenir leur troisième conclave. La réunion, du reste, était rehaussée par la présence très remarquée d'Ahmed Taleb Ibrahimi, absent aux deux premiers rendez-vous pour des raisons personnelles. Après plus de sept longues heures d'une rencontre marathon, qui s'est penchée sur la dernière sortie du général Mohamed Lamari, l'opération de collecte des signatures et la situation politique présente, les participants sont sortis, arborant des mines détendues, avec, à la clé, une déclaration signée par tous. D'emblée, les présents indiquent prendre «acte de la déclaration du chef d'état-major de l'ANP». Cette position, sur laquelle le communiqué ne revient pas dans le détail, «exige que les autres institutions (doivent) s'interdire tout engagement dans ce qui se présente désormais comme un coup de force électoral». Le chef d'état-major, sans les citer, avait abordé le cas des «onze», indiquant attendre qu'ils explicitent leurs revendications avant de pouvoir y répondre concrètement. Le général Mohamed Lamari avait également souligné que «la neutralité de l'armée ne signifiait pas, qu'elle ne suive pas la scène politique de très près», allant jusqu'à dire que les candidats devraient se conformer à la Constitution et que plusieurs scénarios étaient à l'étude au niveau du MDN. A la suite de cette déclaration, nous avions réussi à faire réagir un nombre important parmi les signataire du manifeste des onze, qui s'étaient tous accordés à qualifier cette sortie de positive et à souligner qu'elle rejoint les grandes lignes de la thèse avancée par le président de Wafa, consistant en la mise en place de la «neutralité positive de l'institution militaire». Selon des sources proches des onze, même si les termes ont été édulcorés dans le but de satisfaire tout le monde, «c'est une véritable mise en garde qui est lancée à l'adresse du gouvernement et de l'administration dans leur tentative d'imposer par la force le passage du président-candidat». Il est même établi qu'en cas d'absence de répondant de la part des autorités ainsi saisies, les choses «aillent crescendo». A ce titre, la prochaine rencontre des onze est prévue ce samedi au niveau de la permanence électorale de l'ancien chef de gouvernement Ahmed Benbitour. Nos sources précisent, en effet, que «certains des participants avaient adressé des saisines individuelles au ministère de l'Intérieur par rapport aux nombreux dépassements constatés dans le cadre de la campagne de collecte des signatures. Il faut donc laisser le temps au département de Yazid Zerhouni de réagir avant de passer à de nouvelles étapes». En attendant que passe ce week-end, en effet, il y a lieu de constater que pas une réaction n'a encore émané de la part des pouvoirs publics à la suite de la publication du premier manifeste des onze, en date du 12 janvier dernier. «Au contraire, s'alarme la déclaration datée d'hier, nous assistons à une fuite en avant dans les abus d'autorité multiformes». Exemple: «Dans le cadre de l'opération de collecte des signatures, une campagne marquée par des pressions et des chantages, est déclenchée contre les citoyens, les cadres et les contributaires potentiels, refusant l'allégeance et manifestant leur attachement à l'alternance.» C'est une véritable sonnette d'alarme qui est tirée par la suite: «La détérioration toujours plus grave du climat politique, expose la cohésion de la nation et la stabilité des institutions à des dérives lourdes de conséquences». A leur sortie du siège de Benflis, les participants que nous avons rencontrés, Taleb, Sifi, Benyellès, Ali Yahia Abdennour et Benflis, se sont tous accordés à qualifier de «positif ce nouveau pas, destiné à en appeler d'autres jusqu'à l'aboutissement des revendications formulées dans le premier manifeste». La déclaration se clos, en effet, sur la «volonté de consolider ce cadre de concertation et d'action pour une élection régulière et transparente et pour des mesures à la hauteur des enjeux auxquels est confronté notre pays et des légitimes aspirations des citoyens». Pour rappel, les membres du groupe des onze sont Ali yahia Abdennour, Rachid Benyellès, Mouloud Hamrouche, Mokdad Sifi, Ahmed Benbitour, Chérif Belkacem, Rédha Malek, Ahmed Taleb Ibrahimi, Ali Benflis, Abdelkrim Dahman du MSP et Saïd Sadi. Un fait notable reste à souligner pour finir. La télévision, qui avait fait l'impasse depuis le début sur les activités de ce groupe, a curieusement fait son apparition hier. D'aucuns ont cru y déceler une des nombreuses mesures politiques d'apaisement promises par le président à la suite de l'audience qu'il avait accordée au secrétaire général du PT, Louisa Hanoune.