Des étudiants fort déterminés Ils étaient une cinquantaine à observer hier, un sit-in, devant la Maison de la presse Tahar-Djaout du 1er-Mai. Un groupe d'étudiants grévistes de l'Ismas ont tenu hier matin un sit-in pacifiste en face du siège de la Maison de la presse du 1er-Mai pour revendiquer, haut et fort, leurs éternelles doléances qui sont rappelons-le, l'application immédiate des résultats des quatre ateliers signés par la ministre de la Culture en 2011, à savoir l'équivalence du diplôme, l'amélioration des conditions pédagogiques et sociales des étudiants et l'ouverture d'une enquête approfondie sur la gestion globale de l'Institut qui dépend pédagogiquement du ministère de l'Enseignement supérieur. Un établissement dont la ministre de la Culture a regretté en 2011 de lui avoir inséré la section audiovisuelle tout en avouant son échec et son impuissance face à ce dilemme, nous a fait savoir cet étudiant en troisième année en actorat, selon ses dires et propres souvenirs, restés intacts. Un département qui aujourd'hui, laisse à désirer avec une expérience qui a montré toutes ses lacunes, limites et faiblesse, bref qui a échoué lamentablement, transformant ces étudiants en pauvres «cobayes» perdus sans savoir vers qui se tourner. Car même la famille artistique semble les bouder. Une situation intenable et surréaliste, même si nos étudiants restent malgré tout déterminés à aller jusqu'au bout de leur grève illimitée. «Vu notre désarroi vis-à-vis d'une part, aux interminables promesses qui restent sans réelle application sur le terrain et d'autre part, la façon avec laquelle l'administration de l'institut ainsi que les ministères concernés agissent, vu qu'ils n'ont même pas fait l'effort de nous entendre ou de nous répondre au sujet de nos revendications, allant jusqu'au dépôt d'une plainte contre les représentants des étudiants, la fermeture du réfectoire de l'Institut et l'exclusion des étudiants, c'est pour cela que nous tenons à vous informer que notre grève peut prendre des tournure plus radicales» peut-on lire dans le quatrième communiquée adressé à notre rédaction. Rencontré hier matin au parvis de la Maison de la presse du 1er-Mai, notre interlocuteur affirme ces propos indiquant que «le directeur menace de couper l'eau et l'électricité, de fermer l'internat et carrément l'institut si on reste en grève. M.le directeur commence à dépasser ses limites, nous on reste toujours sur nos postions, on suit les lois en vigueur d'une grève selon la Constitution algérienne et on est en train de préparer une grève de la faim parce que ce silence qui est tenu par le ministère et par l'administration de l'école, on en a vraiment ras-le-bol, on a décidé de radicaliser notre mouvement en faisant la grève de la faim. On espère à travers cette action, si ce n'est pas de sensibiliser le ministère et l'administration, que ça servira au moins à sensibiliser l'opinion publique, qu'ils savent qu'il y a une génération d'Algériens qui ne demandent que ses droits légitimes, qui n'est pas entendue par l'Etat parce qu'il n'y a pas que ce nombre qui peut créer une force de masse. Nous sommes ici une cinquantaine et sur le site, il y a environ d'une trentaine d'étudiants à l'institut pour assurer le peloton de grève et éviter que le directeur ferme l'internat. On laisse donc toujours des étudiants à l'institut pour assurer l'ordre.» Hier donc, l'atmosphère était au calme. De nombreux étudiants placés en sit-in le long du trottoir d'en face brandissaient pour la plupart des pancartes significatives. Sur certains, on pouvait lire «étudiants en grève», «l'oiseau profite souvent de la résistance que lui oppose l'air pour avancer», «fakidou echaie la oùtie», «la parole est l'ombre de l'action... Dans leur cinquième communiqué, les étudiants nomment carrément le directeur de l'Ismas, à savoir Ben Mahdjoub, connu du monde médiatique sous le pseudonyme de Habib Ayoub! Un écrivain donc, un artiste et un très grand point d'interrogation! Ces étudiants qui refusent de se taire alors que leur avenir jeté en pâture reste hypothéqué réitèrent d'autant plus, une fois encore, leur forte mobilisation de continuer avec fermeté le combat comme l'assure le communiqué: «Malgré ces démarches honteuses et hors la loi, nous tenons le ministère de la Culture comme seul et unique responsable des répercussions de cette démarche qui n'est que le résultat de la sourde oreille exercée par notre tutelle et cette politique colonialiste visant à nous interdire de revendiquer nos droits», et de se demander «jusqu'à quand cette marginalisation de la jeune génération rescapée de la décennie noire dans une Algérie qui fête ses cinquante ans d'indépendance?». En effet, pourquoi cette absence totale de dialogue? Ces étudiants ne méritent-ils pas un minimum d'égard et de respect tout de même?