Décidés à se faire entendre, un nouveau sit-in est prévu ce matin à partir de 9h au niveau du ministère de la Culture. Au vu du mépris et de l'indifférence affichés à leur égard, en grève depuis dix jours, les étudiants de l'Ismas ont décidé de porter leur revendication sur la voie publique et la faire entendre. La colère monte. Et pour cause. Après avoir échoué à se faire entendre, hier, ils étaient une trentaine à s'être amassés devant le parvis de la Maison de la presse Tahar-Djaout du 1er-Mai, malgré la pluie et surtout les policiers qui regardaient étonnés, avant de venir s'enquérir de l'objet de la manif. Ces étudiants demandent tout bonnement le soutien des hommes et femmes de culture pour faire aboutir leurs doléances à savoir, demander aux ministères dont ils dépendent en l'occurence le ministère de la Culture et celui de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, d'oeuvrer afin de garantir une meilleure qualité de l'enseignement au sein de l'institut et d'avoir une formation et un diplôme qui leur permettent de poursuivre leurs études afin d'assurer la relève sur la scène artistique algérienne. C'est ce que nous pouvons lire sur le communiqué signé par l'ensemble des étudiants de l'Ismas. Malgré le fait qu'ils n'étaient pas nombreux hier à se manifester, les différentes années étaient tout de même bien présentes jusqu'à la dernière promo ayant achevé cette année ses études et se retrouve démunie face au chômage, sans guide ni interlocuteur pour l'orienter. «Etudier l'art et s'y améliorer ne se fait pas seulement en trois années sans possibilité de continuer du fait que notre diplôme n'est qu'un Deua (diplôme d'études universitaires appliquées) non reconnu par les universités algériennes et étrangères pour l'inscription en post graduation (magistère, doctorat) car ces dernières sont pour la plupart régies par le système LMD, sans oublier le manque énorme de matériel dont souffre notre institut», soutiennent les étudiants qui ont établi une plate-forme de revendications résumant en quatre points leurs demandes que voici: mettre fin au bricolage et à la mauvaise gestion des infrastructures de l'Ismas (budget, enseignement, équipements...) qui durent depuis la création de cet institut, une formation et un diplôme qui assurent la continuité pédagogique de l'institut à savoir, l'instauration du système LMD pour les promotions à venir et assurer une équivalence pour le Deua permettant l'accessibilité en postgraduation pour les promotions actuelles, la revalorisation du statut de l'étudiant de l'Ismas et enfin, exiger de créer une académie d'arts en Algérie regroupant les instituts et écoles de formation artistique. «On veut une licence qui nous ouvre les portes, pour continuer nos études, nous permettant de trouver un poste d'emploi...L'Ismas est le seul institut en Algérie qui fonctionne avec ce système de Deua. Tous les autres instituts ont intégré le système LMD. On est les derniers en Algérie pour l'instant. L'administration a déposé un canevas pour l'intégration du LMD, qui sera pris en charge par une commission de l'université de Boumerdès mais à partir du mois d'avril. C'est cette commission qui valide le système LMD. Pour l'instant, c'est juste une promesse. On ne veut pas des promesses en l'air, on veut du concret», nous a fait remarquer hier le jeune Djelaoui Alae, étudiant en première année «assistanat réalisation». Le représentant des étudiants, Bouchebah Walid, tiendra à signaler, pour sa part, que les tentatives de communiquer avec le ministère de la Culture se sont avérées vaines car restées sans réponse. «Nous avons entamé notre grève, car après 48 h d'attente, nous n'avons reçu pour réponse que des menaces. Or, on demandait juste à organiser un briefing réunissant les représentants des deux ministères pour parler de l'avenir de notre formation. L'an dernier, la première promo en audiovisuel est sortie. Tous ses étudiants se retrouvent dehors, sans formation d'appoint ni diplôme. Nous, on veut assurer notre avenir. On veut nous transformer en comédiens et réalisateurs carrés sans nous donner la possibilité de nous perfectionner dans des ateliers et autres. Déjà que nous ne sommes pas bien formés; elle est où donc cette relève? On nous a dit que le canevas a été rempli et envoyé en commission. Faux! Il n'en est rien. On nous a menti. Quand on a voulu en savoir plus, on nous a nargué et essayé de nous flouer.» Dialoguer en toute transparence avec le ministère de la Culture et celui de l'Enseignement supérieur, où est le mal? Pourquoi ce silence, ce refus, cet entêtement? Les étudiants prétendent seulement au dialogue. Pourquoi le leur refuser? Devons-nous arriver au pire pour réagir? Même si l'Algérie se prépare, encore une fois à vivre à coups de milliards un grand événement culturel à l'instar de «Tlemcen, capitale de la culture islamique 2011», nos jeunes étudiants, futurs cinéastes méritent, eux aussi, qu'on prenne le temps pour les écouter. Eux aussi, méritent une attention...