La patience du Syndicat national des médecins spécialistes de la santé publique (Snpssp) semble atteindre ses limites. Désormais, ce syndicat, en grève depuis six jours et pour une durée illimitée, menace d'occuper la rue. Ses membres n'ont pas peur de braver la «matraque de Zerhouni», d'être tabassés par les services de l'ordre et enfin d'être embarqués et auditionnés dans les locaux des commissariats. Ce scénario dont l'opinion publique en sait quelque chose sur la répression de l'Etat à travers les incidents qui ont émaillé la récente grève de l'éducation, risque bien de se reproduire dans le secteur de la santé dans le cas où les hautes autorités, situées au-dessus de la tutelle, ne daignent apporter une réponse digne aux attentes des médecins spécialistes. En effet, selon le Dr Yousfi, président du Snpssp «seule l'intervention du président de la République, ou à un degré moindre, celle de son chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, pourrait résoudre le conflit». Le Dr Yousfi, qui a eu ce raisonnement, hier, au cours d'une conférence de presse tenue au siège du Snpssp (Alger) s'est inspiré de l'idée que «la tutelle de la santé publique cherche le pourrissement de la situation». Il a, d'ailleurs, qualifié de «scandaleuse» la rencontre de lundi dernier qui a regroupé les membres de son syndicat et les responsables du ministère, sous la houlette de M.Mourad Redjimi et en présence de l'Inspection générale du travail et de deux directeurs centraux de la Fonction publique. Le Dr Yousfi a assimilé l'attitude des responsables du département de la santé, notamment, celle du ministre M.Redjimi, à de la «provocation, de la trahison et du mépris». En effet, si le débat n'a pas pu se frayer un chemin entre les deux parties au cours de la «réunion de conciliation» d'avant-hier, ceci est dû, selon le Dr.Yousfi, au fait que le département de la santé a «renié l'engagement politique de trois ministres de la République, à savoir le Pr.Abekane, ex-ministre de la Santé, M.Louh, ministre du Travail et de la Solidarité nationale et M.Ali Benflis, ex-chef de gouvernement, qui ont signé l'accord du 13 novembre 2002». Cet accord devait concrétiser, pour rappel, les revendications du Snpssp ayant trait à l'augmentation des indemnités, l'alignement de la prime de garde et de responsabilité par rapport aux hospitalo-universitaires et l'application des dispositions transitoires d'intégration. Lors de la rencontre de lundi dernier, les responsables de la tutelle ont déployé, selon toujours le Dr Yousfi, un discours à la limite de «l'insulte» au sujet des revendications du Snpssp considérées par ses membres, acquises et non négociables. «Les médecins spécialistes ne peuvent être alignés comme les hospitalo-universitaires en matière de prime de garde et de responsabilité.» Cela a été la réponse du ministre M.Redjimi, rapportée par le Dr Yousfi, à l'égard des syndicalistes ayant pris part à la rencontre d'avant-hier. Le ministre a ajouté, aux membres du Snpssp, que «les médecins spécialistes ont choisi cette profession». Le Dr.Yousfi a interprété que la tutelle ne veut plus entendre parler de l'application des dispositions transitoires d'intégration sans passer par le concours. «Comme si on voulait une promotion au rabais», a ironisé le Dr Yousfi. Celui-ci s'est exprimé également sur les sorties médiatiques de M.Redjimi, comme celle d'hier soir sur les ondes de la Chaîne III, qui demeurent à ses yeux «une campagne de dénigrement et de désinformation». Aussi, le conférencier a mis l'accent sur la censure des médias lourds notamment, la Radio et la télévision nationales au sujet de la grève du Snpssp et de ses revendications. Il s'interroge sur le silence des partis politiques à l'exception du RCD et du PT qui ont manifesté leur solidarité. Par ailleurs, le Dr.Yousfi a dénoncé le comportement du directeur général du CHU de Bab El-Oued qui agit contre la pratique du droit syndical. Ce DG a opéré, en effet, un retrait sur les salaires des médecins spécialistes qui sont en grève à l'intérieur de cet hôpital. Sur tous ces remous qui agitent le secteur de la santé publique, le Dr.Yousfi ajoute: «On attend la réaction du président de la République dans les prochains jours, faute de quoi la protestation prendra d'autres formes.» En attendant le prochain sit-in du Snpssp est prévu pour aujourd'hui au sein du CHU de Béni-Messous.