Le syndicat reproche à la tutelle d'avoir remis en cause ses engagements. Le Syndicat national des praticiens spécialistes de santé publique, Snpssp, menace de radicaliser son mouvement de protestation si le ministère de la Santé persiste à renier ses engagements. Le bureau national de ce syndicat, réuni mardi en session extraordinaire, a fait état de l'arrêt rendu en appel par la cour d'Alger déclarant l'incompétence des référés à statuer sur la grève déclenchée par le syndicat en date du 18 octobre. Cette décision, notons-le, annule l'ordonnance de l'arrêt de la grève du tribunal des référés d'Hussein Dey rendue le 24 octobre 2004, suite à une plainte déposée par la tutelle. «Les membres du bureau national ont exprimé leur satisfaction suite à cette décision qui honore la justice algérienne. Ils rappellent que cette décision permet au Snpssp de reprendre la grève immédiatement» lit-on dans le communiqué sanctionnant cette réunion. «Conscient des désagréments qu'occasionnent les mouvements de débrayage», le Snpssp qui déplore «la rupture unilatérale depuis le 24 octobre», demande la reprise en urgence des travaux de la commission mixte (ministère de la Santé - syndicat), chargée de suivi de l'application de l'accord du 3 mars 2004. Contacté hier par nos soins, M.Mohamed Yousfi, président du Snpssp, affirme que son syndicat «ne va pas faire dans la précipitation». «Maintenant que la justice nous a donné raison, le ministère doit comprendre que seul le dialogue est à même de désamorcer la crise qui porte préjudice au système de santé et au praticien de santé publique». La balle est dans le camp du ministère pour le Snpssp. Rappelons que les spécialistes de la santé publique ont entamé, à partir du 18 octobre, une grève illimitée après l'échec de la rencontre de la dernière chance qui les a réunis, avec les représentants du ministère de la Santé. Le syndicat est ferme, «on ne cèdera pas jusqu'à satisfaction de toutes nos revendications», autrement dit , jusqu'a «la réhabilitation des praticiens spécialistes de santé publique» a annoncé le Dr.Yousfi. Le syndicat reproche à la tutelle d'avoir «remis en cause ses engagements, ce qui est pour nous, une démarche très grave». Le Snppssp n'a pas de nouvelles revendications. Il exige l'application immédiate de l'accord signé le 3 mars 2002 entre les deux parties. Selon le Dr Yousfi, le département du Dr.Redjimi a tout bonnement renié ses engagements. Il s'agit de prime abord des mesures spécifiques liées à la progression dans la carrière. Dans ce chapitre, les représentants du ministère de la Santé ont informé que la régularisation des anciens médecins spécialistes se fera sans effet rétroactif, «contrairement à ce qui a été convenu en 2002». Concernant la prime d'intéressement et la prime de recherche, «la tutelle a jeté la balle à la Fonction publique, prétextant que cette dernière bloque le dossier». L'autre transgression concerne les concours pour les médecins spécialistes et les chefs à accéder à des postes supérieurs que le syndicat exige d'inclure dans un arrêté-cadre, une vision que le ministère ne semble pas partager aussi. Yousfi ne cesse d'accuser des lobbies au ministère de la Santé qui selon ses dires «veulent enterrer la médecine publique». «Comment expliquer dans ce cas-là, l'incapacité du ministère de gérer des revendications relevant directement de son département?» s'interroge-t-il. Le syndicat ménage, néanmoins le premier responsable du secteur, le Dr Redjimi, lequel est «très mal informé sur la situation». Preuve en est, «ce dernier a déclaré que toutes les revendications du syndicat sont satisfaites, or sur le terrain, la réalité est tout autre». Notons que la décision de la cour d'Alger ne pourra que conforter les syndicats autonomes qui ont dénoncé le recours à l'appareil judiciaire pour freiner les libertés syndicales. L'autre syndicat ayant fait les frais de cette démarche est le Cnapest qui s'est vu contraint de geler sa grève de deux jours les 9 et 10 décembre, après la requête déposée par le ministère de l'Education nationale près le tribunal de Sidi M'hamed.