Le mois de février, qui tire à sa fin, aura été le mois de la contestation par excellence dans la wilaya. Le front social a connu une ébullition exceptionnelle, qui n'a de valeur que d'illustrer le niveau de dégradation de la situation sociale. Pratiquement chaque jour, on enregistre une grève, marche ou sit-in. Les secteurs économiques et administratifs n'ont pas échappé aux remous, nés pour l'essentiel des mauvaises conditions de travail. Si certains mouvements sont propres à la wilaya, d'autres par contre, s'inscrivent dans la dynamique contestataire au niveau national. Les travailleurs des 11 résidences universitaires de Béjaïa sont à leur deuxième jour de grève. Ils s'élèvent contre la non-prise en charge de leurs revendications socioprofessionnelles. Hier, ils ont appuyé leur mouvement de grève par une action de protestation dans l'enceinte de la résidence Berchiche II, dans la commune d'El Kseur. Les travailleurs frondeurs projettent pour aujourd'hui une marche au niveau de la ville de Béjaïa, pour mettre davantage de pression sur leur tutelle afin qu'elle répondre à leurs revendications liées pour l'essentiel à leurs conditions de travail, dont l'augmentation salariale, l'amélioration de leurs conditions de travail. Avant-hier, c'était les directeurs d'établissements secondaires de la wilaya de Béjaïa qui se sont manifesté par un rassemblement de protestation devant le siège de la direction de l'éducation en appui au mouvement de grève nationale décidé par la commission nationale des proviseurs et censeurs, affiliée à l'Union nationale des personnels de l'éducation et de la formation (Unpef). Ils s'estiment victimes d'une «discrimination» de leur tutelle, exigeant par la même occasion la révision de certains points du statut particulier des travailleurs de l'Education. Ils ont, par ailleurs, fait part de leur refus de participation aux journées de formation programmées avec les inspecteurs de l'éducation sur la gestion des établissements du secondaire et les lycées techniques. Pour leur part, les corps communs et ouvriers professionnels et fonctionnaires en général affiliés au Snapap (aile de M. Belkacem Felfoul) sont aussi en grève pour trois jours. Hier, les lycéens de Barbacha ont bloqué l'entrée de la direction de l'éducation exigeant la reconstruction de leur établissement afin d'éliminer l'amiante. Un produit dangereux qui touche, au demeurant, de nombreux établissements sur la territoire de la wilaya de Béjaïa. Un programme de désamiantage et de reconstruction de ces établissements existe mais tarde à se concrétiser. Le rappel a été fait hier et à juste titre par les lycées de Barbacha. Il est utile de relever par ailleurs, que de nombreuses entreprises publiques sont paralysées par des mouvements de grève qui s'éternisent sans émouvoir les responsables concernés. La crise au sein de l'Erenav, l'ETR et bien d'autres unités se poursuit sans qu'une solution ne se dessine à l'horizon. Hier, les représentants de la Centrale syndicale Ugta, qui ont manifesté par deux fois leur soutien aux camarades travailleurs grévistes, ont organisé à Melbou un séminaire ayant pour thème «les relations de travail». Un choix judicieux sachant que tous les conflits relèvent de l'incompréhension entre les travailleurs et les responsables des unités en crise.