Après le vote, c'est la contestation chez les travailleurs La santé, l'administration, l'éducation nationale, l'enseignement supérieur et la justice sont touchés par des mouvements de protestation. La trêve n'a pas été de mise pendant la campagne des législatives et le front social continue sa démonstration de force. La grogne touche présentement de nombreux secteurs d'activité, qui ne sont pas des moindres. Que l'on en juge! La santé, l'administration, l'éducation nationale, l'enseignement supérieur et la justice, autant de secteurs frappés par des mouvements de protestation, qui s'articulent, pour l'essentiel, autour de revendications salariales et statutaires. De vieux problèmes que les départements concernés n'arrivent pas à résoudre. Hier, les services des collectivités locales ont été paralysés par les travailleurs communaux qui ne baissent pas les bras. Leur syndicat autonome, le Snapap, est revenu à la charge pour trois journées de grève à compter d'hier. Ainsi, les agents de sécurité et les corps communs reconduiront leur mouvement tous les quinze jours, jusqu'à satisfaction totale des revendications. La plate-forme de revendications comprend huit points liés à l'amélioration de leur cadre de vie. Du droit de grève et de l'activité syndicale, jusqu'à l'intégration des syndicalistes licenciés ou suspendus arbitrairement, en passant par l'amélioration du cadre de vie, l'ouverture de négociations sérieuses, la priorité des contractuels et vacataires dans le recrutement aux nouveaux postes budgétaires, la révision du statut des corps communs et agents de sécurité, l'abrogation de l'article 87 bis de la loi 90 /11 et la sauvegarde de l'ancien régime pour le départ à la retraite, ce sont là autant de revendications, vieilles de plusieurs mois, qui sont remises sur le tapis et sur lesquelles les travailleurs communaux ne comptent pas abdiquer. Les corps communs et les ouvriers professionnels relevant du secteur de l'enseignement supérieur sont revenus eux aussi, avant-hier, à la charge à travers une grève d'au moins trois jours, qui a paralysé toute activité au niveau de huit résidences universitaires de la wilaya de Béjaïa. Les corps communs du secteur de l'enseignement supérieur ont répondu à l'appel de l'Union générale des travailleurs algériens (Ugta), qui a appelé à une grève nationale de trois jours. Ce mouvement pourrait aller au-delà, en cas de non-prise en charge des doléances. Dans le secteur de l'éducation, l'heure n'est pas à l'accalmie. Pour les directeurs de lycée, il n'est plus question de faire marche arrière, ils attendent une prise en charge réelle de leurs préoccupations. La Commission nationale des directeurs des établissements secondaires, affiliée à l'Union nationale des professeurs de l'éducation et de la formation (Unpef) maintient son mot d'ordre d'un rassemblement aujourd'hui devant les directions de l'éducation, à l'échelle nationale. En signe de protestation contre la non-satisfaction de leurs revendications, les directeurs des établissements secondaires maintiennent toujours le boycott des activités pédagogiques. Lequel boycott a été retenu à l'issue du conseil national de la Commission nationale des directeurs de lycée, le 6 mai dernier à Alger. Les directeurs frondeurs dénoncent «leur classement à l'échelle 16 dans le nouveau statut particulier qui lèse eu égard à leurs charges administratives et pédagogiques et leur responsabilité pénale». Les adjoints d'éducation menacent eux aussi de débrayer. Le bras de fer se poursuit également dans le secteur de la santé où les médecins et médecins spécialistes observeront une grève illimitée à partir du 16 mai considérant que le ministère de la Santé n'a pas respecté ses engagements. Le Syndicat national des praticiens de la santé publique (Snpsp) et le Syndicat des praticiens spécialistes (Snpssp) donnent une semaine au ministère de la Santé pour renouer le dialogue, avant l'entame des actions de protestation. Ce durcissement de position a pour origine la dernière augmentation de 70% des salaires que la tutelle a consentie au Syndicat des médecins généralistes de santé publique (Snmg/SP). Un syndicat que le Snpsp et le Snpssp qualifient «d'illustre inconnu» et à qui ils dénient le droit de parler au nom de leur corporation. En fait, il s'agit d'un «travail de sape» entrepris par certains responsables pour piétiner les accords relatifs à l'adoption du statut particulier et le régime indemnitaire. Le SG du Snpssp s'interroge aussi sur l'adoption, par le ministère de tutelle, du régime indemnitaire sans la révision du statut particulier. Dans le secteur de la justice, les greffiers poursuivent leur action après plusieurs semaines de protestation. En outre, un comité de soutien a été créé par des militants et des syndicalistes pour appuyer leurs revendications. La situation des greffiers, en grève de la faim depuis neuf jours, se détériore de jour en jour. Les autorités concernées ne jugent toujours pas utile de répondre aux doléances liées à un statut et à un salaire décent. Aussi, une réunion extraordinaire est prévue aujourd'hui. Les greffiers vont décider des suites à donner à leur mouvement de protestation. En somme, un mois de mai chaud sur le front social.