Sonatrach n'est plus cette maison de verre, bien au contraire... C'est sur fonds de scandale de corruption que sera célébré demain, au niveau du complexe gazier de Tiguentourine à In Amenas, le 42e anniversaire du 24 février 1971. Toute une symbolique. La célébration du 42e anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures, aura cette année un caractère particulier. D'abord, le contexte politique et sécuritaire, puis le lieu de la cérémonie et enfin les scandales de corruption qui éclaboussent le groupe Sonatrach. Pour marquer cet événement, les autorités algériennes ont décidé de le célébrer, demain au niveau du complexe gazier de Tiguentournie, à In Amenas, dans la wilaya d'Illizi. Toute une symbolique pour un site qui a subi, il y a plus d'un mois, l'une des prises d'otages les plus spectaculaires de l'histoire de l'humanité. Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, se rendra demain en compagnie de plusieurs membres du gouvernement, sur les lieux de l'attaque pour présider la cérémonie de célébration. Ce n'est pas tout, puisqu'il est également question d'une remise en mache des installations endommagées par l'attaque terroriste. De ce fait, et contrairement aux années précédentes, les autorités algériennes veulent imprimer un cachet particulier à l'événement. Avec le choix de Tiguentourine, le gouvernement, qui a multiplié ses opérations de charme en direction des régions Sud du pays, veut transmettre ce message: l'Algérie tient à la protection de ses infrastructures gazières et pétrolières quel que soit le prix à payer et ce ne sont pas les actes terroristes qui vont la faire fléchir. L'enjeu est de taille, étant donné que 98% des recettes des exportations algériennes proviennent des hydrocarbures. C'est le pain des Algériens qui est en jeu, comme on dit. L'Union générale des travailleurs algériens (Ugta) qui célèbre, elle aussi, son 57e anniversaire demain, a estimé, dans un communiqué, rendu public hier, que la commémoration de l'événement au niveau du site gazier est un «hommage aux victimes du terrorisme barbare».«Par ce geste, nous rendons un vibrant hommage à la mémoire des victimes innocentes de l'attaque terroriste, victimes algériennes et étrangères et à tous ceux qui ont résisté aux visées funestes des agresseurs», lit-on dans le communiqué. Cette attaque menée le 16 janvier dernier par un groupe terroriste de 32 éléments s'est soldée par l'élimination de tous les terroristes et la mort de 38 otages, dont un Algérien. La célébration de cet anniversaire intervient en outre, dans un contexte sécuritaire explosif sur les frontières Sud du pays, marqué par la guerre au Mali et l'instabilité en Libye. D'où un danger permanent sur les installations pétrolières de l'Algérie. Aussi, cette commémoration intervient au moment où la compagnie des hydrocarbures, Sonatrach, traverse l'une de ses étapes les plus sombres avec les scandales de corruption. Traitée actuellement à la fois par la justice italienne et algérienne, cette affaire a vu l'implication de personnalités très influentes au moment des faits. Les noms de l'ancien ministre de l'Energie et des mines, Chakib Khelil et celui de l'ancien ministre des Affaires étrangères, Mohamed Bédjaoui et son neveu, sont cités dans cette affaire qui défraye la chronique depuis plusieurs jours. Au point où l'ex-vice président de Sonatrach, Hocine Malti, au lieu de s'en tenir à donner un éclairage ou des pistes à explorer dans l'enquête sur ce scandale, n'a pas hésité à lui conférer une dimension politique. Ce scandale aux ramifications internationales- on cite déjà au Canada une éventuelle implication de SNC Lavalin dans des pratiques de corruption pour obtenir des marchés avec Sonatrach en Algérie- ne fait pas réagir d'une manière radicale ni la classe politique, ni la société civile et encore moins le Parlement. Une attitude d'autant plus bizarre que c'est le pilier de l'économie nationale qui est au coeur du scandale. Au niveau de l'APN, en congé depuis le 2 février dernier, un seul député, à savoir Lakhdar Benkhelaf du Front pour la justice et le développement (FJD), a osé poser une question écrite au ministre du secteur pour lui demander quelles sont les mesures prises contre les personnes citées par la justice et la presse italiennes. Mais, le bureau de l'APN a refusé d'enregistrer la question, arguant que le Parlement est en congé d'intersession. Voilà donc dans quel contexte intervient la commémoration du 42e anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures.